25 octobre 2006

 

Bayram

Bien il y aurait beaucoup à dire sur Bayram mais je n'en ai eu que la rumeur... je suis victime dirons-nous, sans nous étendre trop là dessus, d'une gastro à intensité basse, qui si elle ne me cloue pas au sol, limite fortement ma capacité de mouvement, ma "liberté d'aller et de venir" comme on disait à la fac de droit.

Mais tout de même ca fait trois jours que ca dure (Bayram ! ) j'ai donc pu voir en quoi la ville était transformée. On m'avait prévenu qu'un flux de jeunes allaient envahir la ville mais je n'avais pas saisi qu'il fallait prendre ces paroles au pied de la lettre... ma rue est envahie par des jeunes. Des jeunes de basse extractions. de jeunes de province. des jeunes de banlieues lointaines. Des jeunes tous endimanchés dans leur plus beau t-shirt immitation D&G, avec leurs plus belles chaussures en cuir blanc, bien peignés de frais. Des jeunes en bande. Des dizaines, des centaines, des milliers, comme une manif sans slogan, de jeunes qui arpentent ma rue. 80% de mecs, je suppose que les filles sont à la maison, préposées aux baklava ? C'est une sorte de "goguettisation" généralisée d'Istanbul. Les commerces ont tous fermé et à la place des sandwicheries (le Tavuk reigne en maître sur les sandwiches, le pilav est à 1 lira l'assiette. Yuksek Kaldirim c'est Bactery Alley), des vendeurs de cacahuettes grillées, de fruits, des vendeurs de clope à l'étal, des dizaines de métiers se sont inventés pour profiter du passage ininterrompu. la rue est un fleuve de gens. Les mendiants font du chiffre aussi. Et les prostituées dans la rue d'a coté, qui sont un peu mythiques pour moi puisque j'en entends parler mais je ne les ai jamais vues, doivent faire l'équivalent de la troisieme semaine de decembre pour un magasin de jouet.

Ce qui m'a marqué en les voyant ces gens, en jouant des coudes pour atteindre mon supermarché, mon restau, en tentant d'aller chercher des tunes ou acheter un billet pour un concert, c'est la différence. Le stanbouliote que je croisais jusque là était un citadin, même un citadin prolo. C'est a dire quelqu'un d'ancré dans un contexte précis, historique, sociologique, culturel. je ne me sentais pas "proche" de lui, j'étais l'étranger, mais je parvenais à saisir même inconsciemment le cadre dans lequel je pouvais le penser. Mais ce que je vois là c'est un débarquement d'énergie absolument "délocalisée", sans histoire et sans géographie. De la potentialité pure, et surtout de la différence brute. ces gens viennent d'un nulle part, d'un non lieu, c'est écrit sur leur visage poupin, c'est écrit sur leurs fringues et sur leur gomina. j'ai à la fois l'impression de bien les saisir, ils donnent trop d'eux mêmes pour être difficile à cerner, et de n'y rien piger. c'est vrai que nous vivons dans des sociétés compartimentées. et que la différence quand elle surgit nous terrorise. l'énergie sans histoire, le non appréhendable, l'intangible que représentent finalement ces gens. LE JEUNE de BANLIEUE bordel ! Intangibles et effroyablement banals. Intangibles en D&G...

J'ai du vieillir. peut etre que je viens tout juste de saisir la difference entre histoire, personnelle, et potentialité. c'est une difference de 10 - 15 ans. Attention à ne pas laisser le passé prendre le volant.

Bon cut the crap ! A bientôt.

22 octobre 2006

 

Monsieur Gismet




Ah ! Monsieur Gismet ! Pardonnez moi ! Pardonnez cette épouvantable photo qui ne rend rien de votre talent ! Mais je n'ai pas eu le courage d'en demander une deuxième ! C'était déjà pas mal non que j'ose venir vous voir ? Mais voilà je n'ai pas voulu, pas su, pas pu, abuser de votre temps.
Monsieur Gismet était d'ailleurs plutôt content, satisfait comme tout artiste après un show réussi, que je vienne lui demander une photo. Il m'a dit sobrement, "thank you".

J'ai décidé de l'appeler Monsieur Gismet, parce qu'il faut bien lui donner un nom. Monsieur Gismet est un saleman. Dans le Vapür pour les Îles-aux-Princes, il a écrasé la concurrence. Les vendeurs de sismit qui se baladent avec une grande planche de bois en guise de plateau, les serveurs de thé, les violonistes un peu agaçants (mais sans commune mesure avec leur équivalents parisiens), le représentant en stylos dont je n'ai pas très bien compris les techniques commerciales (le gars arrive et montre ce qui ma fois est un très beau stylo argenté. il en parle avec un ton égal pendant bien 5 ou 6 minutes mais visiblement personne ne l'écoute. il se lasse. il stoppe. il revient trois minutes plus tard. je me suis même demandé si il vendait son stylo ou appuyait ses théories conspirationistes avec son stylo, pour se donner un aspect professoral. était-il un vendeur ou un cassandre ? Je n'en saurais jamais rien. On appelle ca la barrière de la langue)... et surtout les muets aux produits indéfinis (embouchure de narguilé, jouets pathétiques) qui passent entre les rangées, l'air piteux.

Monsieur Gismet arrive en toute fin de parcours, juste quand les gens comencent à être las, mais pas trop tard (sinon les gens penseraient à se lever, aller vers la sortie etc). Il est bien mis monsieur Gismet, dans un beau costume à rayures discrètes et son crâne est brillant. Et tout de suite il joue de la voix. Il s'impose mais sans jamais forcer, sans laisser paraître la moindre nervosité, la moindre urgence. Il est là et c'est comme une évidence. Il parle distinctement avec un ton rieur, et il roucoule, trouve des temps de respiration, ménage l'auditoire. C'est soufflant même sans y comprendre un traître mot. en deux minutes, une ou deux blagues bien senties façon chauffeur de salles de Broadway, il en est à déballer son article, d'un vieux sac plastique noir remplit de boites. 15 couteaux pour tout faire dans la cuisine, rangés dans un très joli présentoir pyramidal en bois (traduction apocryphe hein) !
Et sa voix jusque là rieuse se fait plus sévère. Il en déballe un, énorme, et tranche d'un coup une minuscule lamelle de papier qu'il tient à peine du bout des doigts, sans aucune prise... mais la lame coupe comme si de rien était. Une petite blague (son auditoire du pont avant du vapur est absolument acquis, fasciné) et il part d'un air solennel chercher quelque chose dans la poubelle... ça n'est pas très digne que je me dis ... mais le voilà qui sort une canette de coca et la montre à tout le monde comme un magicien le ferait avec son haut de forme. Et d'un coup sec il la découpe, sans résistance, sans le moindre crissement, à peine un petit bruit sec. Il passe son doigt sur la lame pour montrer a quel point elle est intacte, immaculée. Le voilà qui revient à son camp de base, sur le banc du milieu bien en vue et qui tire la paire de ciseaux du socle en bois. Il fait un signe à une dame déjà conquise et lui dit qu'il s'occupera d'elle très bientôt. Pendant une seconde je me dis qu'ils sont de mèche, mais c'est vraiment faire insulte à son talent. Chez les ménagères, on le sent, une certaine fébrilité règne. La petite vieille en face de moi a laissé tomber son magazine sur ses genoux. Je crois qu'elle commence à compter mentalement ce qui lui reste dans son portefeuille.
Et hop le voilà qui recommence sans vergogne le coup de la canette mais avec ses ciseaux. ça tranche comme si c'était du papier de soie. Même succès.
- Et là ces 15 couteaux et ciseaux, cet ensemble complet ? pour quel prix vous demandez vous mesdames , messieurs ?

Monsieur Gizmet ne lésine pas sur les effets dramatiques, le voilà qui sort de sa poche un simple billet de 10 et le lève aussi fièrement que Zidane aurait pu lever la coupe.

- 10 Lira pour 15 couteaux et leur support en bois (le prix, à cause d'une bête histoire d'angle de vue et d'incompréhension linguistique est en fait resté un mystère pour moi. Il y a au moins un billet de dix dedans, ca c'est sur, mais selon toute vraisemblance c'est un peu plus cher que ça, ou alors Monsieur Gismet écoule du stock tombé d'un camion. Ce qui à tout prendre se tient aussi) !
- Et en plus je vous offre en cadeau, et là il sort fièrement son arme secrète, la "pochette" (pocet est le mot turc pour sac plastique au fait), avec ses lacis dorés sur fonds noir, archi-luxe.
C'est tout simplement la frénésie (et bien entendu l'hilarité générale). De partout sur le pont on veut attirer l'attention de monsieur Gismet. Il fait son tour. Je compte 8 ventes. Il doit aller chercher son stock pour pouvoir suivre. Il fait passer quelques exemplaires à des femmes excitées, tout de suite vérifiés d'un oeil et d'un main experte (équilibre, qualité de la confection, épaisseur de la lame) par leurs maris qui a chaque fois donnent l'assentiment d'un petit signe de tête. 10 minutes. 8 ventes. Monsieurs Gismet s'essuie le crâne avec un petit mouchoir et le Vapür arrive à destination. Perfect Timing. Il souffle et regarde à la cool le bateau qui s'accroche au quai de la première île. Pour un peu les gens applaudiraient. Je vais le voir et lui demande "photo" en montrant mon appareil et il me fait un petit signe de la main, allez y mon brave, bien sur.

Pourquoi les Îles-aux-Princes ? Parceque je me suis levé trop tard pour la balade jusqu'à la mer morte. Et que j'ai abandonné l'idée du Hamam par manque de courage face au gant de crin, sous la fallacieuse excuse que ça coûterait 11 euros.
Les Îles-au-Prince ? Le Deauville stambouliote. Des baraques ne bois art-déco, des villas de luxe sur la mer, des petits restaurants touristiques, des petites jettée sur la mer avec des kiosques au boût. Il avait fait si beau samedi que je me suis dit dimanche matin que le parapluie serait une insulte. Il a donc plu tout du long. Quand je me suis décidé à rentrer, vaincu par le déluge, a peine ai-je posé le pied dans mon Vapur que ça c'est calmé.
N'empêche. J'ai visité à l'oeil le Splendid Otel, superbe batisse 1900 avec ses beaux salons au chic années folles et son patio Bauhaus, et fait un petit tour au bord du port. J'ai pris un thé dans un café standing, à quatre fois son tarif habituel. Une seule politique dans ce genre de nid à palace : aller vers le luxe, ne pas le fuir, se payer un petit truc dans le bar de l'hotel. C'était beau, c'était mignon, ca sentait le crottin (les voitures sont bannies sur les îles). A ce propos, on a finalement peut être pas tant perdu que ça à échanger les canassons contre les voitures dans la "ville moderne". L'odeur du crottin reste quand même une odeur de merde.

Samedi fut social avec Filiz et Mustafa et d'autres de leurs amis. Avons fait une ou deux galeries puis été à Cihangir, le quartier le plus boboesque de cette ville. Les immeubles anciens ont tous la vue sur la mer, les façades sont peintes de couleurs vives, on distingue partout des terrasses fleuries et vertes sur les toits. Pendant qu'on prend le café, un vendeur de fruits avec une charette à bras, un petit démarcheur de tickets de loto, quelques barbus dignes du pire cauchemar de Georges Bush, des moustaches bien fournies, bref quelques signes évidents, rassurants, que toute la planète n'est pas encore tout a fait canalsaintmartinisée, williamsburghisée. Ai vu ce soir une femme d'une vingtaine d'année en converse argentée, pantalon large kacki, piercing au nez et voile vert sur les cheveux. Ca vous donne une idée de l'ambiance non ?

21 octobre 2006

 

would you shut the f*** off, please ?

je voulais juste confirmer ce que m'avaient déjà dit mes amis turcs. Vient assez vite le moment où l'on se surprend à dire "oh ! ta gueule !" en entendant les muezzins brailler assez fort pour vous empêcher d'écouter le jacassage de vos voisins. Ca m'est arrivé hier. Lire un peu plus bas le message sur les muezzins pour comprendre pourquoi ça m'a fait marrer.

20 octobre 2006

 

misc..

Nihrat est parti ce soir rejoindre sa famille dans le centre du pays, pour Bayram. Nihrat c'est le jeune chauve de 22 ans, très doux et gentil qui vit chez Mustafa. Bayram c'est la fête, les libations parait-il assez costaudes en terme de sucre et de gras, qui mettent un terme au ramazan. J'étais un peu triste de le voir partir Nihrat, sa gentillesse et son anglais désastreux. Il m'a dit à peu près, "i am happy for see my family but sad i don't see you". Il reviendra d'ici une semaine et j'espère bien qu'on pourra se faire un dernier dîner avant mon départ.

Hier il nous avait préparé des Mant-é (transcription phonétique) sortes de raviolis durs qu'on mange avec du yahourt, de l'aneth et une sauce tomate piquante. C'est délicieux et c'est aussi la chose la plus asiatique que j'ai pu goûter en Turquie. Ca m'a rappelé l'Ouzbekistan. Ou plus exactement la Turquie me fait réaliser comme l'Ouzbekistan est son parent pauvre, son cousin culturel qui a pris 70 ans de socialisme d'état au compteur (on rappelera pour mémoire la transformation des mosquées en abbatoirs à porc et la monoculture du coton obligatoire qui n'ont pas du aider le pays a bien vivre sa phase socialiste), et n'est que la version affamée, désertique et bétonée de la Turquie. Moins de gastronomie,moins de musiquen moins de tout. Malgré une histoire tout aussi multicentenaire qu'on peut l'imaginer.

Cette semaine a été un peu pauvre au niveau touristique, j'ai pas mal travaillé pour moi et pour mon "patron" qui ne sait toujours pas que je suis à Istanbul d'ailleurs. J'ai regardé avec Mustafa les diverses équipes turques se faire étriller dans diverses coupes d'Europe (il y a trois équipes à istanbul, Galatasaray l'aristocratique, Fenerbahçe la bourgeoise et Beşiktaş la prolo, les trois ont perdu). Je dois leur porter la poisse que je me suis dit.

Au restaurant maintenant on m'offre le thé et une sorte de patisserie de semoule sans que je ne demande rien, les gars parient même sur ma commande. Le gentil monsieur qui vient avec son fils handicapé mental que tout le monde accueille avec force embrassades, et qui commande toujours plein de frites, me fait même un petit signe de reconnaissance. Le vendeur de journaux me sourit avec un air heureux quand il a Libération et désolé quand il sait que je vais devoir me rabbattre sur le International Herald Tribune.
Le vendeur ambullant de pains au sésame, avec son petit chariot vitré aux roues dorées très grand siècle, ne sourit jamais.

Mercredi tout de même nous avons été à la Istanbul Modern, le musée d'art moderne sur les quais dans un ancien entrepot. Juste derrièe le musée, pour lui voler la vedette, un immense bateau de tourisme était à quai. un truc impensable haut comme une tour de 10 étages et long je dirai au bas mot de 150 mètres. De ma terrasse plus tard je le voyais toujours, plus haut que les immeubles de la rue. je distinguais ses piscines et ses tobogans aquatiques façon aquaboulevard. Je distinguais les silhouettes minuscules des gens qui prenaient le soleil. Il est parti dans la soirée, dans un crépitement de flash qui venaient de partout, de tous les ponts et de toutes les cabines (en baie vitrée avec chacune un petit balcon et deux chaises). j'en ai compté 4 étages de 80 pour un seul coté... faites le calcul. quels touristes américains pour quel tour du monde ? quel tarif à la semaine (oh by the way David Foster Wallace, Un truc soit-disant super auquel on ne me reprendra plus, est une lecture indispensable à qui veut en savoir plus. sur les bateaux de croisière mais pas seulement)

A istanbul Modern on exposait des extraits bien senti de la biennale de Venise. Notemment Regina José Galindo, petite guatemalteque en colère qui traverse la capitale de son pays en laissant de ses pieds nus des empreintes de sang en mémoire de ceux qui sont tombés. Elle se balade toute petite avec sa vasque pleine de sang et elle y trempe sespieds. et au bout de quelques pas il n'yena plus et les empreintes sont invisibles. alors elle recommence. Pas exactement local comme exposition mais c'était très bon. J'y ai découvert Semiha Berksoy qui me semble être un des pilliers de la culture Turque moderne. Une chanteuse d'opéra / peintre qui a collectionné les amants et les provocations. Morte en 2004 à 94 ans. Ses peintures sont à la fois naives narcissiques et violentes. J'aimerai en savoir plus. tout le monde a l'air de la considérer comme la mamie de l'art turque, l'attatürk de l'avant garde locale. Est-elle connue derrière le Bosphore ? je n'en avais jamais entendu parler. Et wikipedia ne fait pas son boulôt là dessus !

J'essaierai, si le temps est clément, et le temps est merveilleux depuis deux jours, de prendre un bateau pour la mer noire, le trip dure une journée aller-retour, et l'on mange parait-il du bon poisson en se la coulant douce, mattant gentilment les palais et autres villas sur le Bosphore. et pourquoi pas ?

Mes "vacances" sont confirmées, je pars le 30 pour le sud jusqu'au 3. je devrais, là bas sur la plage me débrouiller pour trouver une connection wireless. Il paraît que c'est jouable. D'ici là Vincent arrive le 27 et je crois qu'on va bien s'amuser.

a bientôt pout un post un peu plus plein, c'est promis.

PS : en discutant avec Mustafa j'ai réalisé que je n'ai jamais lu un article dans un journal français sur la Turquie sans le mot "islamiste" ou le mot "génocide". ah si quelque fois le mot "hooligan" quand ca parlait de foot. ca n'est pas seulement honteux, c'est grave.

16 octobre 2006

 

Towards the rising sun

Vendredi j'ai été malade. Et on a beau dire, loin de la maison avec de la fièvre, on se sent comme un petit garçon oublié par ses parents. Si on y ajoute une sombre histoire de bisou avec une locale qui s'est d'un seul coup refroidie comme un poulpe congelé, le moral n'était pas au plus haut.

J'ai cela dit été invité, après notre dîner avec mustafa et Filiz, à une soirée karaoké dans un bar "branché". Les gens, dont certains étaient à la performance la semaine dernière sur le toit du loft, m'ont accueilli très généreusement mais je n'avais qu'une envie : fuir. Vous êtes là seul étranger au milieu d'une bande d'excités qui ne parlent pas votre langue, et ils vont bientôt passer de la pop turque sur des images de cascade avec des sous-titres violets fluo, et tous vous posent les mêmes questions sympa mais sans intérêt, et c'est le moment vous dites vous de savoir battre en retraite dignement, droit vers la chambre, Parce qu'après tout y'à ptêt quelque chose à la téloche. Peut être aurais je pu faire un effort si j'avais été en forme, puisque on ne me demandait pas de chanter (mon turc est un peu limité). Et je les trouvais tous gentils. Mais ils étaient comme des ombres autour de moi, je ne voyais que mon lit. Je suis parti au plus vite, m'excusant avec force sourire, et je me suis couché tot.

Samedi c'était la longue marche jusqu'au café Pierre Loti, sis en haut du cimetière qui surplombe la corne d'or. Je me suis perdu dans les ruelles de Fener, Ballat et Eyüp, quartiers du districts de Fatih, un endroit étrange à la beauté décatie. Des rues qui fleurtent avec la destruction, quelques restes d'une époque peut être plus glorieuse, des porches, des balcons, des petites fontaines, des maisons jouets et des villas en bois au dernier stade de la décomposition, de minuscules salons de thé d'à peine un mètre de large, des voitures rouillées, des femmes presques toutes voilées. Le linge pend entre les maisons rapprochées, l'asphalte est troué et parfois inexistant, les pavés très mal alignés. à certains angles de rues, tendues entre deux ruines, des bâches de plastique sous lesquelles on distingue de la vie, des enfants aux cheveux durs comme du crin qui jouent dans la poussière. Un peu de Bombay venait de me rattraper en mon séjour stanbouliote. J'atteignais la mosquée du sultan et tombait en pleine cérémonie. le café Pierre Loti (ne pas confondre avec la rue déjà citée) a effectivement une vue sublime sur la corne d'or, mais c'est l'assemblage de locaux en goguette, de vendeurs de jouets, de touristes américains hurlants et de personnes assistant à des funérailles, qui m'a le plus marqué.

Je suis redescendu du nid d'aigle et me suis décidé à prendre le bus, après avoir failli mourir par suffocation en attendant un taxi qui jamais ne vint.
Deux choses à noter dans le bus bondé.
- la présence d'un vieux caissier/controleur on board assis devant un petit bureau avec des tirroirs en bois, moustachu tendance raffinée et bien cravaté...
- une incongruité totale d'un point de vue parisien : le ptit jeune qui monte par la porte de derrière et qui paie. Il passe simplement sans rien dire son argent aux voyageurs... qui le font passer jusqu'au contrôleur/caissier, toujours assis droit comme un i sur son siège, qui renvoie le billet et la monnaie par le même biais sans même en regarder l'origine. J'essayais de transposer la scène dans le 96 et m'en trouvais bien incapable...

samedi soir j'ai partagé un thé avec mes potes djeune's qui squattent chez Mustafa et j'ai été me coucher tôt, toujours malade.
Dimanche a commencé par un concert de musique classique turque au CRR, la salle Pleyel locale, qui se trouve dans un quartier d'affaire que je n'avais pas encore visité (et ne visiterai plus).
Ce fut instructif. Pendant que les musiciens jouaient (11h du matin ? était-ce un répétition, un concert pour des étudiants pas encore diplômés ?) on projetait des diapos (enfin de nos jour on dit "un power point" pas des diapos) avec les bios des compositeurs (grosso modo actifs vers 1900) et les paroles des chants. Des photos en noir et blanc d'hommes bien habillés qui portent le Fez, souvent la main sur un petit meuble trépied, dos au décor. La musique était grave et simple. Un violoncelle, une flute, trois instruments à corde que je ne pourrais pas nommer, un percussioniste endimanché qui faisait boom boom boo boom toutes les 5 mesures, l'air digne sur sa chaise. Je ne me suis pas envolé mais j'ai tout écouté sans broncher, sans une once d'ennui.

Après le concert le temps s'est levé (il faisait jusque là une pluie bavasseuse et gluante digne d'une mauvaise journée parisienne de novembre) et j'ai pris un Vapur pour Usküdar, de l'autre coté du Bosphore, dans la partie asiatique que je n'avais pas encore exploré. J'y ai fait une centaine de photos que je vous épargnerai. Des villas bien plus riches, des petites allées-jardins avec vue sur le Bosphore. Une ou deux mosquée très anciennes. J'ai rencontré des chats et des petites vieilles qui nourrissent les chats. Istanbul est une ville de chats. c'est très plaisant de les voir dormir, de les voir jouer, nourris par la population. C'est hospitalier, confortable pour un peu. J'ai même vu un gars parcourir 150 mètres avec un bol de lait (et je me suis dit qu'un drame familial avec ses enfants devait se tapir derrière cette histoire).
Je suis rentré et ai croisé Mustapha avec qui nous avons discuté un moment. Il était déjà 21 heures. Hop un Conrad et au lit. Je suis tombé sur cette phrase, qui m'a semblé tout à fait à propos :

"He retreated in good order towards the rising sun"

La semaine s'annonce artistique avec l'ouverture de la biennale. On en reparle.

PS : non personne ne m'a menacé de mort. Non les gens n'ont pas l'air de haïr les français même si on m'a mis en garde pour certains quartiers. J'ai vu une manif devant le lycée français, petite et pas spécialement haineuse, c'est vrai. A mon avis, sauf si je vais faire pipi ostensiblement sur une photo d'Attatürk devant la mairie, je ne risque rien.

13 octobre 2006

 

Baba Zula

Baba Zula, présentés souvent comme le point central de la scène d'Istanbul, ZE collectif qui fait bouger les choses. Je les ai vu au "Pulp" près de Taksim square.

Ils m'ont offert exactement le spectacle que j'attendais, le "stanbouliotisme" assez clownesque et furieux à la fois. la tension rock/punk et un bordel parfaitement local, et sans la moindre pincette de merde "world" façon transglobalunderground. Une espèce de géant moustachu fait souffrir son Saz dans de multiples effets, delays, rings modulators, il chante/hurle dans un micro bien trituré lui aussi. Derrière un percussionniste completement en transe balance des sequences si rapides qu'on plaint la peau de ses mains, et un homme à rouflaquette balance gentilment l'électronique... Un autre chanteur passe de temps en temps, chevelu et gras il hurle encore plus fort puis s'en va et on n'est pas trop sur qu'il fasse partie du groupe ou du public, et à chaque fois que la tension pourrait baisser un peu, il ya le feu dans la salle, la danseuse du ventre se pointe et érotise brutalement tout ce qui pourrait résister. Pendant ce temps le chanteur fait le clown avec sa casquette et balance à droite à gauche des blagues qui ont l'air de faire rire tout le monde. Le percusionniste à l'air de ne plus exister que par ses mains. Voilà c'est l'Istanbul que j'attendais, celui du film "crossing the bridge", du club sale et plein d'énergie. Ce fut délicieux.

En sortant je me suis fait aborder par un loqueteux camé qui me disait "i sleep with you i am gay you know" après m'avoir tapé un de mes précieux cigarillos.

sinon j'ai découvert, enfin mustafa et filiz m'ont emmené dans, une cantine où les poivrons farcis coutent 1,5 lira. Soit un peu moins d'un euro. Le monde est beau.

11 octobre 2006

 

Superceinture

Quand j'ai regardé la ceinture sur le petit étal, des barres de fers juchées sur roulettes où se tiennent une cinquantaine de modèles d'imitation pour la plupart de Dolce Gabana, à coté du resto qui fait l'angle avec mon supermarché Dia je me suis demandé si rien que le fait de regarder n'allait pas me lancer dans une spirale "achete mon fils achete" ... et j'avais besoin d'une ceinture, merde, ça fait longtemps que la mienne n'est plus qu'une triste loque, et puis non le petit vieux me regardait du coin de l'oeil mais sans plus.

finalement je me suis approché. j'ai essayé. il m'a dit "This one too big" et m'a aidé à essayer l'autre. Il portait une veste marron et une chemise blanche, il etiat trapu et jovial. Je pensais marchander un peu mais il a commencé les prix à 5 lira, soit environ 2,8 euros et je me suis dit "à quoi bon nom de dieu". je lui en ai donné vingt et ila du faire le tour de la rue pour trouver de la monnaie. du coup tout le monde me regardait. Mon vendeur de cigarillo était la aussi et il m'a fait un sourire où il manquait quelques dents. Le gars du Dia aussi. Je deviens un vrai local.


Hier j'ai vu SuperSilent au Babylon. Je me suis fait draguer, oui oui je confirme, deuxieme fois en deux jours, par une fille qui travaille dans une agence de marketing (fais nous rêver encore, turquie millénaire). et dont j'ai encore une fois honteusement pas retenu le prénom. Je sais qu'à Paris il faut s'excuser pour dire à une femme qu'elle a son lacet défait, pas ici ! Je suis parti apres vingt minutes de conversation pourtant plutot marrante (ses amis en couple s'engueulaient et elle m'a fait une sorte de portrait au vitriol des relations de couple et du mariage ce qui, vu ma situation, m'a bien fait marrer), juste à la fin du show, et je sais que même si j'ai été poli (je voulais aller me coucher quoi ! je comptais même vaguement lui dire que demain je serai au concert de baba zula) je l'ai vexé. Elle m'a même pas dit au revoir, dés que j'ai esquissé le mouvement du départ elle m'a tourné le dos. Peut-être suis je un malotru ? Je suis sur qu'il y avait pleins d'hommes potentiellements nus et forts (comme des turcs, des beaux-forts quoi) pour qu'elle se remette de mon insulte à sa beauté. Supersilent étaient très bons au fait. Sans être superdépaysant puisque j'aurais pu (du) les voir à Paris une bonne dizaine de fois.

Ce soir ca sera Baba Zula, et visiblement les locaux attendent ça avec impatience. z'ont quand meme travaillé avec nombreuses stars de la musique orientale, avec alexander Hacke, avec Mad Professor même !

10 octobre 2006

 


... échaffaudages à Sainte-Sophie

 


... Japonais à Sainte-Sophie

 



... Américains à Sainte-Sophie

09 octobre 2006

 

Aux Sanzelise avec le captain Akça

3 jours sans nouvelles ça frise l'indécence je sais....
Reprenons, ou en étions nous ? Ah oui à crosser l'bridge. Ce que j'ai fini par faire samedi en fin de matinée. Un pont plein de pêcheurs avec une sorte d'étage à ras de l'eau où les restaurants vendent tous le même poisson grillé qui d'ailleurs m'a l'air bien bon. Je me suis ensuite perdu dans les bazars ("grands" ou "égyptiens" pour les cloaques montmartrois luxueux à touristes), les rues commerçantes. J'ai déjeuner dans un restau où le proprio parlait un excellent français et m'a tout de suite dit "je suis dans le petit futé, page 193". Il faut dire sur ce point, assez angoissant pour mon pays, que un peu plus de 100% des français se baladent à Istanbul avec leur guide. Je dis un peu plus de 100% parceque si TOUS ont un guide (routard 60%, Lonely planet 30%, divers 10%), certains COUPLES se balladent avec UN CHACUN... ce qui nous fait un bon 103% de voyageurs français le nez dans leur guide... bref ! Je me suis fait quelques indispensables spots pour tout voyageur qui se respecte : Sainte-Sophie, la mosquée bleue. Je ne m'étendrais que peu là dessus. Sainte-Sophie a 1500 ans au compteur et n'a pas trop besoin qu'on lui fasse de la retape. C'est peut être le monument le plus hallucinant qu'il m'ait été donné de voir (église pendant 1000 ans, mosquée pendant 500, sécularisée depuis 70 ans, ca fait des layers dans le cake ça !), Rome compris, Petra compris. Même si ça n'a rien à voir, j'ai eu un sentiment assez proche de celui qui m'a frappé à la vue du Panthéon à Rome (que j'appelais d'ailleurs le Vaisseau Spatial. Et bien sainte sophie c'est le vaisseau amiral de la chrétienté dirons nous avec un accent dantecquien).
Samedi soir fut solitaire et bruitiste.
Dimanche j'ai pris un bateau le long du Bosphore. A peine avais-je pris le pont que le "Captain Akça", un turc jovial qui baragouinait un français difficile à déchiffrer, venait me proposer ses services au long cours avec son petit bateau. J'ai accepté sans même négocier, parceque parfois le piège à touristes a du bon. La promenade nautique n'a connu qu'un seul incident, le lâchage minable des piles de l'appareil numérique, donc pas de photos des deux ponts gigantesques ni des impensables palais sur le Bosphore, ni des portes containers géants qui menacent de vous renverser à tout moment, ni des touristes hollandais bruyants qui partageaient mon frèle esquif.

Revenu sur terre, je me suis promené du coté de la rue Piyer Loti (oui oui c'est lui) et des jardins de Topkapi. Sur le chemin de nombreuses maisons en bois dans un pur style oriental, très annnées folles ou datant peut être même d'encore avant. Elles sont souvent abandonnées et prennent un charme défoncé, une patine très particulière, vermoulue.
J'ai laissé passer l'heure et raté le très prometteur concert de Fred Frith (hallucinant guitariste de Jazz responsable du très estimable "step across the border", faut sortir quoi !) associé à des laptopers qui joueaient au Babylon. Du coup j'ai mangé un vieux poulet au Pilav dans une cantine sans ambition et suis rentré me coucher dare dare.

Aujourd'hui c'était un peu le début de mon intégration urbaine. Filliz, l'amie de Mustapha qui m'a trouvé l'appartement est rentrée d'Espagne. Elle m'a invité à ma première performance d'artiste dans un Loft/apparetemetn local ! Sur la terrasse, un lit à barreau et un percussioniste fou qui joue avec des apaux (apeaux ?) à oiseaux et tape à coup de pied sur des cymabales. La danseuse mîme un réveil difficile puis geint et rampe pendant bien dix bonnes minutes. La vue de la terrasse a un angle différent de la mienne et remonte jusqu'en haut de la corne d'or. Je bois du rosé. La performance est fumeuse mais c'est que du bonheur. Le public est cool. En imper colombo et basquettes blanches, en moustache en verve, en oeuvres mosaiques sur verre exposées le long des murs. Enuite on se tappe les courts métrages d'artistes avec des garçons nus sur la plage et de la poésie en surimpresion, en turc forcément. Je bouffe un ou deux bretzel et j'entends parler français, et plutot bien. La légende du lycée de Galatasaray aurait donc un fond de vrai, la jeunesse cultivée est francophile.

Au retour du resto, pas très local et peu dépaysant, je me suis fait draguer par une coiffeuse. Elle m'a payé un thé. Elle ne connaissait pas un mot d'anglais et ce fut un tantinet rameur, avironier, longuet. Bref j'ai fui. On dit Koaför ici au fait. On dit aussi Etikett, Virgül, kartpostal, Sanzelise (je vous laisse deviner celui là, une perle). Il y en aurait environ 4000...

J'uplaoderai quelques photos dés demain si tout va bien.

Sa Ol les amis, Sa Ol.

PS non confirmé : suis invité en vacances début novembre dans le sud de la Turquie dans un resort où même en fin d'année il fait chaud... ai décidé de reporter mon retour d'une semaine, d'autant que le frangin vient faire une petite visite. Ca me permettra de voir Colder, groupe de rock de jeunes parait-il assez prometteur qui jouent ici le 4.

07 octobre 2006

 



Le piéton flou

 



L'autre bridge

 



Le bridge

 

crosser l'bridge


Hier j'ai "quitté" tôt le travail bien décider à crosser l'bridge. Mais j'ai croisé les amis de Mustafa, mes trois symapthiques zonards étudiants qui squattent l'appart de mon tôlier pendant que celui ci se donne en scène (il est danseur) en Espagne. Ils m'ont proposé un tour en voiture et voilà que l'Asie s'est encore glissé entre mes doigts. Je la regardai s'éloigner avec un vague regret comme nous plongions dans les impenssables embouteillages locaux.... Mais j'ai pas regretté non, loin de là... Ils sont prévenants avec leur hôtes les turcs, et on a bien ri avec nos tentatives de tourner autour de l'anglais pour s'exprimer (bon il y a en a des trois qui s'avère parler pas mal du tout). Donc les voilà qui me conduisent à travers la mégapole, me donnant le siège de devant avec un petit geste de la main, me faisant choisir le siège dans les bars où la vue est la meilleure, payant ma bière, me demandant toujours si tout va bien etc. C'est très vivifiant des gens aussi gentils. Nihrat le chauve (à 22 ans !) est maqué depuis 8 ans et compte se marier l'année prochaine, c'est le plus doux et le plus "traditionnel" de la bande, XXXX (je n'arrive pas à retenir les prénoms turcs j'ai honte), celui qui ressemble à un ours nerd est informaticien et très cinéphile, et Ocurum (je vous donne ici une version phonétique probablement pitoyable de son nom) est le tombeur, celui qui parle bien anglais, qui a la voiture, la coupe de cheveux soyeux qui volent au vent, qui envoie des sms à trois filles différentes mais répète sans cesse qu'elles lui brisent le coeur... ah ça oui ce fut une belle soirée ! Il faut tout de même signaler deux questions sur les français

- est-ce vrai qu'ils sont tous gay ? (celle là m'a laissé tellement baba que je n'ai pas su quoi répondre)

- Pourquoi est-ce qu'ils n'aiment pas les turcs ? (celle là m'a donné envie de regardermes pompes et l'affaire arménienne n'a été évoquée qu'en rapide, personne n'avait envie de s'embrocher la dessus, et moi surtout pas de donner des leçons d'humanisme à la française.)

et une remarque finale
"oh finalement tu n'es pas froid pour un français. je les croyais méprisants"

(Ah ! la grandeur de mon pays !)

Nous sommes ensuite rentré, ils m'ont montré fièrement la vidéo d'un spectacle de Mustafa et Filliz (pas mal du tout d'ailleurs dans le genre avant garde et "danse à contrainte".) et fait écouter du folk et de la pop turque (oui il faudra que je revienne là dessus), ont voulu me faire à dîner mais on raté les pates à cause du gaz qui s'est épuisé "macaroni no good. gaz finished. we go restaurant"... du coup j'ai ENCORE bouffé des Köfte. Je vais mal finir c'est sûr. Au final on a fait joujou avec Google Earth en buvant du vin et parlé cinéma (les réalisateurs coréens ont la cote dans ce pays !). Je me suis couché heureux et reveillé avec un terrible mal de crâne, le Buzbag ca arrache les neurones. Le Buzbag plus jamais ! Le Buzbag n'estpas ton ami !


Bon c'est pas tout ça mais j'vais aller crosser l'bridge, j'ai des turcs à faire moi.

06 octobre 2006

 

à la demande générale




suite aux plaintes reçues par centaines au courrier des lecteurs voici une photo non pas de la vue de la terrasse mais de la terrasse elle-même, enfin la partie que j'utilise puisqu'elle est bien 4 fois plus grande que ça.

oui je sais il fait blanc aujourd'hui.

05 octobre 2006

 

School of free surf

Jusque ce soir mes occupations nocturnes étaient simples : je faisais de la musique à la lueur de l'ordi en regardant l'immensité urbaine du coin de l'oeil . C'était une sensation grisante, c'était Byzance mais vu de haut. Cette fois je suis sorti voir Istanbul. Le club de Jazz Babylon qui effectivement est impressionnant dans le genre branché dernier cri (et cher comme le 8e arrondissement de Paris à peu près). Programmation à venir avec du vrai pointu de chez pointu : Fred Frith, Supersilent entre autres ! Istanbul commence à révéler ce qu'elle a dans le ventre, et pas que de l'exotisme oriental les enfants !

J'ai donc pris mon billet à 20 livres turques pour Accoustic Ladyland que je ne connaissais pas. A.L c'est le sax du Dick Dale de Pulp fiction (les mêmes mélodies imparables 100 000 fois entendues) joué par un énervé très très chatouilleux sur le gargouillis bruitiste. Le gars en met partout c'est bien simple. A ses côtés, un bassiste monstre (le genre à balancer une énormité noise sans bouger d'un milimètre, l'air calme et détendu, satisfait, barbu), un batteur costaud et surtout un clavier nerd tout droit sorti d'un casting. On dirait celui de school of rock* en plus vieux pour les connaisseurs. Ah ! cette veste moche sur cette chemise tachetée de rose encore plus moche ! Ah ces lunettes et cet air gauche d'ingénieur (seulement quand il ne joue pas)... le gars doit avoir des triples albums de Yes plein ses placards ! Et il ne lésine pas sur le son : carrément les présets les plus ignobles d'imitation de guitare. Et ça fonctionne tout ce petit monde, et plutôt bien. On a le double ou triple effet jouissif : la mélodie surf foireuse, le bruitisme jazz, la saturation de basse bien métal/power rock, le son de clavier inimitable. Succès garanti, foule en délire. En première partie, les mêmes ou presque, sous le nom de polar bear la jouaient plus subtil, doux et électronique (un laptoper émerite dans un groupe free ! du patch max dans le jazz !), avec un autre saxophone en renfort. (ténor, ventripotent et en chemise hawaïenne, bien sûr). L'adage éternel "trop de saxophone tue le saxophone" fût encore une fois vérifié. j'ai failli partir mais bien fait de rester.

Ceux qui avaient demandé Istanbul pourront revenir demain.


* Si vous n'avez pas encore vu school of rock, cessez de dire dans les dîners que vous aimez le cinéma.

 

Ah !


on a beau dire on a beau faire il est impossible de faire une bonne photo d'un paysage urbain, si sublime soit il avec cet appareil. enfin disons : j'en suis tout à fait incapable. alors faute de mieux...

 

Pour en finir avec les Muezzins

Non non non. A votre arrivée à l'aéroport vous n'êtes pas arrêté par un gros moustachu suant le fantasme du viol de l'Europe par le sale orient qui va vous faire vivre l'enfer dans un cul de basse fosse. Non aucune musique électronico symphonique ne résonne à vos oreilles. Non personne n'a caché la moindre parcelle d'héro dans votre ceinture. Non c'est une autre chanson celle d'Istanbul. Pour le tout frais arrivé comme moi, qui voit de la poésie partout, Istanbul c'est les Muezzin. Je passe ma vie a les enregistrer au micro pourri du mac. Ce qui les rends merveilleux c'est leur hum asynchronicité ? les muezzin chantent un canon tout a fait arythmique... le premier vient comme une rumeur qui traverse la ville, qui s'affadit et s'estompe comme la voix se réverbere via les ruelles, les escaliers, les antennes satelites, les toits en taules... il traverse péniblement l'eau, sautant d'un vapur à l'autre, noyé par les basses des immenses navires commerciaux...mais il vous parvient quand même, s'associant avec d'autres encore plus lointains que lui, ils vous chatouillent les lobes ...elle est là la rumeur et vous savez que bientôt vous allez y avoir droit... et voila votre Muezzin de quartier, le minaret, là juste au dessus dans la rue Yuksek Kaldirim,, qui vient tout écraser, tellement proche qu'on le croirait installé sur la terasse ! Le son est puissant et délicieusement saturé, totalement en contraste avec ce qui n'était encore qu'un habillage urbain parmi d'autres. et à chaque respiration, à chaque pause, un muezzin un peu moins proche prends le premier plan. un ou des. ils sont des dizaines, des centaines. L'appel sent à la fois l'urgence et la paix, le devoir et peut être même l'abandon, à la communauté,à dieu, au supérieur, à l'invisble. Tout ce qu'on aime pas trop par de chez nous ! Les cloches font elles le même effet aux touristes en Europe ? Je ne sais pas. Les cloches ne chantent pas, elles sonnent. Elles ordonnent mais ne suggèrent rien. Elles rationalisent et c'est un comble.
En deux jours on progresse en muezziniologie et on commence, même à grande distance, à distinguer ceux qui braillent de ceux qui hurlent, ceux qui annonent de ceux qui chantent. On a jamais demandé à un religieux d'être un musicien, ici comme ailleurs.

peut-être que d'ici peu je rirai de ce billet-bleu et que j'appelerai la marechaussée pour me plaindre de ces gens qui hurlent dans mon quartier 5 fois par jours. et dés le lever du soleil en plus ! La Turquie a-t-elle son armée de pétainistes délateurs ?

04 octobre 2006

 

Le hall



petite photo du hall d'entrée by night. riant hein ?

Je viens d'être surpris en train de faire de la musique, casque sur les oreilles, par trois amis de Mustafa passés partager une bouteille de viski. Ils m'ont gentilment tapoté sur l'épaule, inutile de dire que je n'attendais personne dans mon perchoir, et j'ai eu un mouvement de pure terreur. j'ai mis 10mn à m'en remettre. la barrière de la langue n'aidant pas on a pas bavassé longtemps mais ce fut sympathique.


suis aussi un peu sorti dans la grande artère qui fait passer les ramblas pour une vulgaire ruelle de Montauban et les champs élysée pour... les champs élysées (mais qui va encore aux champs élysées bordel ?)... c'est ramazan faut dire. C'est une ville riche Istanbul. et effectivement on y croise à longueur de temps des femmes voilées de la tête au pied et d'autres en minijupes, des petits vieux moustachus poivres et sels qui vendent trois cigares et des connards à téléphone portable en fluo vert qui portent des chemises chères et moches. Je suis vite remonté à mon perchoir, la solitude c'est beaucoup plus facile quand on est tout seul. le tourisme on verra ca ce week end.

premier concert : j'irai voir baba zula (groupe dub/psychédélique very hype remarqué via le film crossing the bridge) mardi prochain avec mes amis à qui je n'ai que peu à échanger à part quelques sourires un peu gênés. en attendant je me contente de bosser le jour en regardant la ville changer de couleur, et de faire du son le soir, en regardant les reflets sur le bosphore, les vapur tout éclairés qui font la traversée et les minarets gigantesques de la mosquée bleue. ça pourrait être plus dégueu.




PS : club se dit Kübülü. Lost Highway se dit kayip Otoban. Il fallait que ça soit dit.

 

du lierre et du sésame


La première nuit a été difficile. Comme un petit enfant j'étais sans mes repères dans le noir dans cette chambre un peu miteuse, faut quand même le dire, perdu dans Istanbul, dans cette rue un peu cracra (faut quand même le dire).

Mais le réveil a effacé les petites angoisses névrotiques. J'ai marché un peu... suis tombé en plein quartier des instruments de musique. Joli hasard ou : y'a pas de hasard sur terre ? Ruelles avec lierre et enfants qui jouent, immeubles superbes mais décatis, petits restos/cafés un peu partout, atmosphère quasi piétonière, passages art déco comme à paris 10e mais oubliés des promoteurs et des restaurations dysneyisantes... je suis tombé amoureux ! Le patissier m'a engueulé de lui proposer un billet de vingt trucs pour mon malheureux pain au sésame alors il me l'a offert en me disant "your money too big". Le monde était radieux ce matin.


J'allais oublier de mentionner que TOUT LE MONDE porte la moustache.

GG

03 octobre 2006

 

Vue de ma terrase, première




premiere photo numérique de ma vie ou presque d'ailleurs... la terasse est là comme promis et elle est immense. et quelle vue ! ne mentionnons pas les muezzin qui ont eu le bon gout de chanter dés mon arrivée. ajoutez à la rumeur automobile le son des sirènes de bateau, et la vue dantesque des afffreux immeubles autour de moi... des ex superbes immeubles abandonnés dirons nous. taulier sympathique qui parle anglais. la ville est trop immense pour être appréhendée pour le moment. comme toujours quand j'arrive dans un lieu si différent pour une longue période la première sensation est celle d'une hostilité générale du monde. ça passera dés que j'aurai dîné, et justement el tolier m'a invité ce soir... il s'appelle Mustafa au fait !

 

Istanbul - préliminaires




Dernière photo avant embarquement. Dernière photo tout court pour K & moi (oui elle dirai que j'ai une vague tendance à dramatiser).

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