30 juillet 2008

 

La famille perdue



Philipe, l'ami cinéaste, l'émérite réalisateur de "la leçon de danse", a décidé de partir à la recherche de cette famille... photo qu'il a trouvé dans la rue à Paris. Plutôt que de débuter par le 9e arrondissement, il est parti au Chili. Oui, il faut bien commencer par quelque chose. Là bas, on lui aurait déjà dit que le gars était du coin, qu'il habitait dans une île au nom exotique impossible à retenir pour moi. Philipe traverse le désert du nord, l'Atacama, gardant toujours frais son coin de l'oeil, dés fois que la famille de pakistanais apparaisse sur une crête, ou surgisse d'un lac salé, dans le flou des vapeurs de chaleur.

Il y a quelque chose de Herzogien dans ce projet. La nature et sa pesante infinité, la fragile chose humaine qui la regarde, les deux talons bien ancrés dans le sol avec son dérisoire air de défi. Et l'absurde bien sûr... Le film qu'il ne manquera pas de pondre avec ce très succint fil directeur promet énormément.

20 juillet 2008

 

Georges Ruggiu - Le voyageur imprudent

Georges Ruggiu est la première personne de l’histoire de la justice internationale condamnée pour sa participation à un génocide sans être ressortissant du pays où il a été commis. Il n’avait aucun intérêt foncier, pécuniaire ou de tout autre ordre à cette « affaire » rwandaise. Et il n’était pas, loin de là, un mercenaire ou un monstre assoiffé de sang.

Georges Ruggiu est une bien bancale incarnation du « mal ». Il a participé au génocide par empathie, par amitié, au nom d’une conception particulière de la justice, ou peut-être, surtout, pour fuir la vacuité de son existence.

Ce récit rend compte de sa transformation en défenseur de la cause hutue, en Hutu blanc. Et de sa chute.


Je m'étais embringué dans cette histoire. Je voulais savoir, je crois, jusqu'où l'on peut aller pour être un autre, quand la vie ne vous satisfait pas. Jusqu'où peut mener le besoin, sain, de changer l'air qu'on respire. Mais plus encore, jusqu'où l'on est prêt à sacrifier tout ce que l'on a eu/fait auparavant, au nom de la découverte de soi-même. L'existence précède l'essence, tout ça. C'est une question assez générique évidemment. Toute personne qui a un jour eu mal d'être soi en a éprouvé quelques limites plus ou moins fluctuantes. Avec G. Ruggiu, la problématique est devenue monstrueuse.

C'était une période ou je n'allais pas très bien. Où je commençais le processus, lent, forcément lent chez moi, qui m'a amené à quitter la ville.
Un été de recherche, et une semaine de rédaction, peut-être bien un peu plus.
J'ai bizarrement, conseillé par Alex d., voulu en faire une pièce radiophonique. Drôle de drôle d'idée. Arte Radio, qui m'aimait bien pourtant, doit encore en rire. Le concours de Bruxelles aussi. J'ai pensé aussi à le fictionnaliser, et je me suis fait mal au coeur.

Je crois de toute façon qu'une fois terminé je ne savais pas quoi faire de ce machin. Aller jusqu'au bout, rencontrer Ruggiu, m'inventer auteur ? C'était un peu trop pour moi. Au moins pour le moi "en difficulté" de cette époque. L'envoyer à quelqu'un ? Je me retrouvais, à mon minuscule niveau, face au phénomène Truman Capote. Au nom de quoi ? Qui suis-je nom de dieu pour oser mentionner la vie des hommes hideux ? Et que faire de cette empathie qui ne manque pas de naître ? Pourtant L'adversaire, de Emmanuel Carrère, me hantait.
Le texte est resté dans un tiroir numérique. Je me suis endormi dessus. Je viens de le retrouver au fond d'un dossier. Le voilà. Pour ceux qui ont du temps à perdre.
Je crois que Ruggiu a été transféré, selon ses souhaits, dans une prison italienne. Je crois aussi qu'il va bientôt sortir. Bien sûr, Google aidant, un machin pareil ne l'aidera peut-être pas pour se réintégrer. Mais tout à été fait avec le net comme seul outil de recherche. Tout est public. Alors.

Pourquoi le donner maintenant ? Je ne suis pas certain... Je crois que le temps est venu. Aucune des questions mentionnées plus haut n'a pourtant trouvé de réponse. Et je trouve toujours honteux de parler d'un homme qui n'a rien demandé. C'est ce que font les journalistes tous les jours, mais les journalistes informent (quand ils font bien leur travail), c'est tout. Là il y a bien sûr cette tentation coupable, même si le texte est sobre, d'auteuriser avec la vie des autres. Et c'est peut-être justement pour ça que je me sens de le mettre en ligne. Parce que la fiction n'a plus aucun effet sur moi, sur un plan littéraire. Enfin bien bien moins qu'avant. C'était là une tentative, un peu sèche et bancale, d'écrire quelque chose qui fasse sens. qui soit nécessaire. C'est probablement aussi pour ça que je n'osais pas le faire lire. je trouvais ça trop ambitieux pour moi. Ou plutôt d'une ambition non assumée. L'histoire d'une vie tiens.

Ah ça n'est pas signé. Je ne l'avais pas signé à l'époque. Mon refus d'assumer la chose ? J'ai hésité à le signer avant de le transformer en PDF. Mais je l'ai finalement laissé tel quel. Je n'ai pas corrigé les typos, pas de raison que je m'occupe de ce genre d'absence. Ca n'est pas glorieux, mais il n'est justement pas question de gloire.




Le voyageur imprudent (PDF)

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