26 mars 2007

 

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Une telle inconstance... Que dire ? J'ai vu Mitte, PrenzlauerBerg, j'ai fait les puces de Kreutzberg (qui parfois font passer Montreuil pour un Mall de Dubaï), j'ai mangé une pizza avec Georg et Fred dans un parc qui est une ancienne gare (de bonne taille à mon avis, genre la gare du Nord quoi) détruite pendant la guerre. Un parc pourri et merveilleusement agréable comme tout ce qui se fait à Berlin comme espace public. Avec une fontaine en béton qui s'est écroulé juste après sa construction et a été laissé là, à la merci des tagueurs (c'est fou comme cette ville est taguée), comme des ruines romaines post-modernes. J'ai goûté les premières heures du printemps au bord de l'eau sur un ponton de bois tout vermoulu d'un café spécialisé dans les after techno-minimale avec tous ces gens au teint cireux et aux lunettes noires qui sortent de party vers 15h30. Mais je n'ai pas encore fait de vraie party. J'ai fait les magasins de disques et découvert que hard Wax était en bas de chez moi. Que dire d'autre ? Le chicken point qui vient d'ouvrir en face de chez moi, halal, 1/2 Hächnen pour 1 euro, ne désemplit pas, il y a la queue toute la journée comme dans un bon vieux magasin d'état époque DDR. Des femmes surtout, souvent voilées. C'est un quartier turcoturc Kreuzberg. Ici on manifeste pour Öcalan très régulièrement, deux fois depuis que je suis là. Je me suis balladé avec Julia le long de la rivière là où des promoteurs totalement inconscients ont construits des "twin Towers" avec comme logo un mec qui plonge depuis tout en haut... magnifique à cet endroit ce petit bras de Spree. Un pont façon Kremlin, rouge avec des tours russisantes, une immense statue "1% culturel" avec trois hommes les pieds dans l'eau, un paysage industriel en pleine réfection. Cette ville est une pure sensation d'espace. Une vraie pourriture architecturale, souvent, mais justement c'est de là que sort sa substantifique moelle... J'ai été voir LCD soundsytem un soir où il fallait que je quitte cette barraque. Z'ont visiblement pris une direction plus mainstream, plus "je jouerai dans des stades avant la fin de l'année". Et pourquoi pas ? C'était très bon. A noter une reprise réussie de "No Love Lost". Alexd est venu deux jours et nous avons bien ri. Il a neigé, plu et toutes les variantes possibles du mois de novembre à Paris ont défilé sous ma fenêtre. il fait maintenant radieusement bleu.
Je me suis trouvé un partenaire de tennis, ce qui est bon, on a commencé aujourd'hui et je me suis dérouillé sans trop en prendre une (mais ca se sent le gars est meilleur que moi). J'ai presque fini "Vie et Destin" de Vassili Grossman et vous devriez tous en faire autant. Je patine dans la semoule avec "L'incandescent" de Michel Serre. J'ai fait de la musique. tous les jours que dieu a fait, et il en a déjà fait 24 depuis que je suis là. 24 ! J'ai plus ou moins, c'est à dire à différent stades d'avancement, 6 morceaux. L'exaltation des premiers jours a plus ou moins disparu, remplacée par une studieuse volonté d'avancer. C'est pas plus mal. Une fois de temps en temps quand même j'ai l'impression de toucher au paradygme de la musique occidentale, mais non pas trop souvent.
Les nouvelles sont donc creuses, et le moral excellent. Continuons notre mission "un album à Berlin". Longue vie.

11 mars 2007

 

Arm aber sexy


oui je sais... rien posté en une semaine. Il faut voir que je mène une vie loin d'être excitante. A part mon escapade de samedi soir dernier, je n'ai rien rien vu d'autre que mon quartier, et surtout ma chambre, jusque vendredi( avant hier) soir. Ai du manger quelques sushis à emporter, faire quelques balades le long du canal qui jouxte mon immeuble, été au merveilleux marché turc. Rien de plus. Je suis sur un bon rythme de boulot pour la musique. un rythme que je ne me suis jamais connu. Mon avancée touristique, sera lente ou peut être inexistante. Berlin n'est pas une ville à tourisme, c'est une ville à vivre je crois. Enfin je le vis ainsi. Donc de dimanche à dimanche peu à raconter. Ai pas mal discuté avec Marcel mon colloc. Personnage étrange à la voix toujours douce et calme, mais qui brûle d'un putain de feu intérieur. Yoga, jeunes de dix jours, nombreuses party et prises de drogues diverses, cross-dressing, n'en jettez plus ! L'ai retrouvé une fois assis en lotus devant la machine à laver qui tournait, de beau matin. Ou de retour de fête, le visage blanc et cireux, les cheveux teints au hénée avec des barettes, des botines roses en cuir, un colant fluo années, 80, short en soie... le gars est aussi extraverti vestimentairement qu'il est calme et zen intérieurement. Il ya souvent du monde à la maison, et je commence en fait à connaitre des gens sans même sortir d'ici. Vendredi finalement Emma m'a appelé et nous avons été à un vernissage.... dans une galerie tenue par un français que j'avais déjà rencontré à la fête samedi dernier. Là bas j'y ai revu des gens de cette fête justement. Tout le monde al'air de se connaître. Excellente expo ou l'artiste avait utilisé le bois du plancher pour reconfigurer la salle de multiples manières... du soit disant fonctionnel (il fait des bancs avec les planches, et zou une salle de cinéma, ou un filet de badminton) au carrément surréaliste (cage, foret)... avec un fort coté japonais-zen et des formes très épurées malgré le bois grossier, ... bon ca m'a bien plu (cliquez donc sur la photo, z'en saurez plus). un français faisait un live au laptop, assez mauvais, et nous avons bougé. Vers Mitte du coté est, pas très loin de Alexanderplatz. Dans un bar très DDR d'abord. Vieux papier peint usé, radiateurs en fonte qui surchauffent, machine à bonbon/cigarette d'un autre age (non, d'un autre monde, d'un plastique rude et crasseux comme un gosplan de 1972), vodka a 2 euros. Ce fut une longue longue série de vodkas. Nous nous sommes transférés au Politburo local qui s'appelle le CCCP... et zou la vodka. Ca c'est fini tard et dans quelques complications d'ivrognes (pertes de clefs et du clavier d'un téléphone, sac oublié quelque part, longue marche pour retrouver Emma partie d'un seul coup "chercher ses clef" quelqupart au milieu de la Torstrasse...)... z'étions invité à une "release party" d'un album d'un artiste local. l'avons raté. Ce fut une bonne soirée dont je ne saurais trop raconter la substance tant elle est envelopée dans une chappe fumeuse, fumante, un brouillard melasseux qui rend les choses floues et distord le temps. Voyez ce que je veux dire ?
Le temps s'améliore depuis hier, il fait beau et assez doux. Mais le décret de mise à moitié à poil des femmes n'est semble-t-il pas encore rentré en application (on espère les circulaires de transcription pour la fin mars). Hier musique, ballade au parc. Aujourdh'ui risque fort de ressembler à hier ? Que dire d'une vie aussi ennuyeuse ? Suis "at the right place at the right time". C'était maintenant ou jamais. Je ne saurais l'exprimer autrement, c'est un feeling merveilleux.

PS : le titre de ce billet est une citation du maire de Berlin ("pauvre mais sexy") qui parait-il a fait scandale. Pourtant c'est une parfaite description de la ville.

PPS: oui les fourures de Marcel sont des vraies. Georg m'expliquaitque Marcel est dans une periode "obsessed with fur". Comprenne qui pourra. Je crains même qu'il y ait du bébé phoque quelquepart dans cette maison.

04 mars 2007

 

Berlin, un week end à


48 heures chargées. Il n'a pas été trop difficile de trouver l'appartement. je n'ai pas été déçu ! 160 m2 comme annoncé, tout en bois, entièrement refait à neuf, délicieusement vide avec d'excellentes prestations (SDB, cuisine, machine à laver tout ça). Les pièces ne sont presque jamais carrées, toujours grandes et biscornues, lumineuses. Georg et Marcel mes deux collocs ont une petite trentaine d'année, sont gays et fréquentent ce que l'on pourrait appeler dans les gazettes autorisées un milieu interlope. Marcel travaille dans un centre pour handicapés, Georg étudie la photo et tous les deux m'ont surtout l'air d'être des joyeux zozos du partying. ai apprecié en plus de leur chaleureux accueil, leurs looks, manteau en peau de lapin (est-ce du vrai ?), chapeau, chemises étranges en soie très destrier des années 80, dandy urban trash, appelez ca comme vous voulez. La première soirée fut solitaire, ils ont bougé à un anniv' juste après m'avoir reçu. ai vu un petit bout de mon quartier, très turc et plein de clin d'oeils à mon précédent voyage. J'ai mangé des sushis de la boutique d'à coté de la porte, et c'était bon et pas cher. Samedi j'ai erré dans Berlin ville très peu pratique pour les touristes piétons qui n'ont pas de carte... En 5 heures j'ai quand même réussi entre moults zones residentielles sans intérêt, terrains vagues (il y en a moins qu'à mon souvenir de 1992 mais ils sont encore nombreux) et avenues rectilignes et infinies, à passer par check point charlie, voir AlexanderPlatz, traverser le quartier des musées à l'architecture néo-antique assez particulière,- j'ai pu noter encore pas mal d'impacts de balles sur les murs, c'est très impressionnant, me trompais-je ou Berlin est la seule capitale d'un grand pays où l'on ait encore des stygmates, mêmes mineurs, du massacre ?- , descendre Unter den Linden jusqu'à la porte de Brandebourg, voir le nouveau Parlement et l'impensable bâtiment construit sous Helmut Kohl qui lui fait face. En ai eu mal aux pieds ! au bas mot 15 bornes que j'ai du faire. L'Histoire est partout. Ai pu visiter, par un pur hasard, la Crone Galerie qui propose des oeuvres imposantes de Alla Tkachuk qui soulignent avec une ironie hard core la collusion évidente entre nazisme et comunisme, ou plutôt, entre Staline et Hitler. en tout cas l'ai-je interprété comme ça, tout englué que je suis dans la lecture de l'extraordinaire Vie et destin de Vassili Grossman (Le "Guerre et paix" de la seconde guerre mondiale, l'histoire d'une famille prise entre Stalingrad et Berlin dasn ce qu'on pourrait maladroitement appeler le Tsunami de l'Histoire, ou le vomi incontrollé du vingtième siècle) que je conseille très vivement à tous les chenapans lettrés qui passeraient par ce Blog. La galerie avait aussi un mao tout nu, un hitler tout nu, un portrait de Staline à oilpé en medaillon... Ai croisé Emma, suis passé lui dire bonjour à son travail, nous avons mangé des... sushis, puis je suis rentré à l'apaprt où une heure après commençait la fête d'anniversaire de Georg. L'appart s'est rempli d'une bonne cinquantaine d'autochtones et de quelques français expatriés. le début de la soirée a été un peu difficile, je me sentais delaissé et je ne savais pas trop comment rentrer dans les conversations. j'ai fait quelques pénibles et peut-être un peu pitoyables, efforts, qui m'on conduit de fil en aiguille à me saouler assez méchament avec un groupe de françaises, après avoir discuté avec un Zimbabwéen clone de freddy mercury, venu vivre ici après 10 ans de Londres, un américain étudiant en vidéo, un australien artiste, une française plasticienne, un designer de meuble bavarois etc n'en jettez plus ! J'ai assisté, comme j'ouvrais la porte de ma chambre innocemment à toute volée pour aller chercher mon manteau, pour la première fois de ma vie a err... la vision romantique de deux gars en train de jouer aux docteurs, déjà bien avancés dans leurs diagnostics croisés...
Avons enchainé avec mon groupe de français (oui hein ils traînent entre eux les bougres)+ une allemande avec un club local dont j'ai oublié le nom. Berlin tenait son évidente promesse d'enfer de la techno minimale et des lieux "underground". Immeuble desaffecté avec deux gros dance floors, fête blindée à craquer de guignols divers et variés en grande forme (et d'ailleurs pas si jeune que ça, c'est un mode de vie la fête ici), groupe de rockers déguisés qui jouaient en fond d'une dernière salle, bière 50 cl à deux euros... vous voyez l'topo ? Il faisait très chaud et très enfumé dans tout ce bordel. La musique était un poil décevante, techno arrache oreilles, bien sûr, mais pas particulièrement avancée. Parfois même d'un gout franchement douteux (cette reprise de the wall avec un beat techno mérite une peine de mort à execution imédiate, sans souffrance mais la famille devra quand même rembourser la balle). On m'avait plus ou moins dit que Berlin fatigue sur ce terrain et c'est peut être bien vrai. On aura le temps d'y revenir. Suis rentré, après un passage par une boulangerie locale avec ce qui restait de nos troupes (moi et la sus-dite Allemande, Julia, le dernier des derniers carrés), vers un bon vieux 7h30 du matin. Pas mal pour un deuxième soir ! A l'appart il restait quelques lambeaux de fête mais rien de glorieux. Au réveil j'ai appris qu'un petit malin avait volé le laptop de Georg... pas le mien qui était bien installé sur la table de ma chambre, prêt à être volé, nom de dieu quel idiot cosmique je fais, quelle chance intergallactique j'ai eu... Fred avec qui j'avais discuté en début de soirée, le designer de meuble, a passé la matinée à nettoyer la cuisine. il était là tout seull 'air un peu hagard et il briquait comme si sa santé en dépendait. J'ai pris vers 13h mon petit dej en terrasse juste en face de l'appart sur le Kottbusser brucke, un petit troquet plein de gens tous plus zozos urbains à coolitude étendue les uns que les autres. J'ai l'impression de n'avaoir jamais quitté Berlin et pourtant je viens à peine d'y arriver. Home sweet home que je me dis. Balade dominicale le long du canal, histoire d'évacuer quelques toxines, même public partout, mélangé tout de même à des familles turques, des vieux allemands dignes qui fument la pipe (et je note aussi une tendance de ces divers monde à communiquer ensemble très naturellement qui est assez rassurante), des joueurs de pétanque et des cyclistes. Retour à l'appart. Fred finissait de nettoyer la cuisine. l'avait pas dormi le Fred. Avons discuté avec quelques restes de la soirée, tous l'air bien fatigués, qui trainaient dans l'immense hall qui fait office de chambre de Georg (quoi ? 60m2 ??). ai aidé dans l'enquête interne sur les voleurs de laptop. tous les gens sont pour le moment absolument accueillants et friendly, loin de clichés misérables sur les allemands trop froids trop serieux trop ceci trop cela. on m'a enjoint à parler allemand et je m'en suis sorti avec les honneurs. à l'heure où j'écris ces lignes, Marcel n'est pas encore rentré. est-il aller bosser juste après la fête, avec ses lunettes de sport et son manteau de fourure ?
Pour moi c'est un cigarillo et au lit.

03 mars 2007

 

Halifax mardi soir


Vous ne voyez pas ce que je vois ? La lèvre qui tombe. la main qui la soutient comme si elle était trop lourde. La nature sublime qu'on aperçoit à peine. Ce mélange de bretagne et d'amérique. De granit et de pins. Halifax. octobre 2002. Tim vient de m'envoyer cette photo. Vous ne voyez pas ce que je vois ? vous ne voyez pas où je regarde ? Où je ne regarde pas ? Tim conduit, il me fait faire un tour des environs d'Halifax. Je viens de me poser. nous sommes peut être bien mardi soir, peut être est-ce le 8 octobre 2002, et le soleil va se coucher, voyez la lumière dans le rétro. Je devais venir à halifax pour quelque jour. puis j'ai rencontré Cécile. j'ai annulé mon voyage à Halifax, pour rester avec elle à Montréal chaque minute jusque mon départ pour Paris. Pour revenir sur ma décision et me décider à aller à Halifax pour au mions dire au revoir à Tim et Alina que je reverrai plus avant bien longtemps par la suite. Alors voilà j'ai changé deux fois de billet d'avion. Je suis là pour 24 heures montre en main. Cécile est partout triple idiot, elle est partout. il n'y a rien d'autre à voir que son absence, n'est ce pas évident que rien n'accroche mon oeil ? une passion d'une semaine ? Qui ne l'a pas vécu ne peut pas le comprendre, ne peut pas savoir qu'elle est aussi absolue qu'une autre. qu'en plus le temps vous brûle, vous savez le jour et l'heure. lejour et l'heure de votre decollage pour Paris. Vous êtes un condmané en sursis à qui on laisse rendre une dernière visite au monde. tout se découpe mieux, les formes, les sens, les lumières, tout est d'une stupide beauté, d'une invraissemblable évidence. Tim me parle et je l'écoute et je peux répondre à tout ce qu'il me dit, lui dire "fuck off" quand il se fout de moi, mais tout mon esprit est concentré sur cécile. son odeur. je ne vous en dirait pas plus. notre rencontre, le très court moment d'intensité traversée, l'au delà des mots, le sexe. vous savez tout bande de salopiauds, vous savez tout. Cécile a été tout, le centre des pensée, le puit sans fond des intensités, même pour un court moment. et je n'avais pas l'intention de relativiser quoique ce soit. non je ovulais tout vivre même ce qui pourrait faire mal ! je voulais juste que cette sensation de déchirement du coeur et de tremblement du bas de mon estomac reste intacte, pure, unique.
C'est ça qu'il faut voir dans cette image, et cette lèvre pendante et ce regard vers l'extérieur qui n'est jamais qu'un recoin de mon intérieur. la forêt canadienne n'est même pas un jardinet.

Cécile où que tu sois maintenant... j'espère que tu as un petit souvenir de ces moments de feu (et d'un lever de soleil sur l'église orthodoxe depuis le toit... nom de dieu pourquoi en dire plus ?)



GG

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