24 mars 2012

 

La banane, l'espion et la théosophe

La banane, l'espion et la théosophe from Philippe Prouff on Vimeo.


Il se plaignait de n'avoir rien à faire suite à un rendez-vous annulé. Je lui ai improvisé les termes du défi. Sachant qu'il serait du genre à le relever. Banane, espion, théosophe. On partait plutôt sur un court texte de deux ou trois pages. Voilà le résultat. Filmé en trois heures, monté en quatre. Cet homme est fou.

21 mars 2012

 

ai(5)

ai vu Paris. Paris et son soleil d'été. Le premier depuis 6 mois. Paris et sa foule industrieuse. Paris qui ne sait pas perdre son temps. Paris où même les cafés ont des sièges éjectables.
ai vu le Salon du livre. Il sent l'horreur corporate. Le remugle malséant de la merdaille du commerce, le plus pur et dur, celui qui ne vend que lui même. Les cravattés à carte de visite qui sont presque touchant tellement ils ont l'air ennuyeux. Et les gens, qui au moins sont des gens. Inventer une typologie des feuilleteurs de livre (du feuilletage très rapide sans y penser, en regardant AILLEURS, jusqu'à la lecture de 20 pages direct sur le stand). Ou une typologie de ceux qui recherchent un éditeur pour leur manuscrit ("Votre manuscrit n'est pas sans certaines qualités, pilé et mélangé au yahourt il semble guérir de la gastro-entérite" dit un des Tampons pour éditeur que m'a offert M.). Boucan des micros mélangés des différentes conférences. Océan de livres inutiles. Léger écoeurement (et les miens, ils sont utiles ?). Beaucoup trop de gens. ai fait une rencontre intéressante avec un éditeur demi chilien et demi français qui publie des ouvrages de spiritualité et de musique bruitiste (non je n'invente rien, c'est ). Et cela a peut-être valu le coup rien que pour ça.
ai été au Théâtre, parce qu'on m'y a emmené. Je n'ai jamais pu encaisser le Théâtre. Les acteurs qui hurlent, leurs simagrées embarrassantes, leur espèce de lyrisme chargé totalement déplacé du genre "MAIS-euuuh Je t'aimeeeeeeuh Lili-euuuuu". Comme ça, sans rien éxagérer. Au théâtre de la ville. En 2012. Victor ou les enfants au pouvoir, n'a certainement pas failli à la réputation de sous-art sursubventionné qu'a souvent le théâtre français. Des acteurs médiocres y confondaient intensité et brutalité. Artaud disait en son temps que plus personne ne sait hurler en Europe. Mais ces gens du coup HURLENT pour respirer. Et oublient les autres vertus expresives de leur appareil buccal. Et l' intérêt esthétique d'une notion oubliée : le contraste. Une mise en scène bouffie de clichés que les grecs auraient déjà trouvé éculés (des MASQUES, PUTAIN !) portait mal un texte pourtant doté d'assez folles fulgurances. Restait quelques idées de décors. Une ou deux gracieusetés sonores. Et des samples de Armenia de Einstürzende Neubauten qui méritent à bien y réfléchir rien moins que la pendaison pour le "compositeur" qui je l'espère utilise cet argent soutiré à l'Etat à vivre grassement dans quelques contrées où l'on lésine moins sur l'amour et la paresse.

ai vu tony allen à Banlieues Bleues. cours de polyrythmie à l'usage de tous. combien peut-on entasser de rythmes différents tout en restant léger et naturel ? "simple" ? ça me fait penser à ces ethnosmusicologues qui pour parler de la musique de quelque tribu pygmée découverte dans les jongles ténébreuses, quelques lumineuses musiques des côtes guinéennes, ne peuvent pas s'empêcher d'en mesurer la complexité pour en prouver la valeur. "Architectures complexes de polyrythmies micro-tonales", ce genre de conneries. Ils font comme les autres. De l'intelligence calculée au poids. De l'éjaculat de contrôleur de gestion. Allen est dans la grâce lui, et ça ne se mesure pas les enfants... L''Afrique, et le bruit. l'ordre du corps au sein du chaos, mouvement dans le mouvement. La musique est une nage comme une autre. Des contingences dans des contingences.

Ai vu Mélenchon à la Bastille. Comédie anté-chute du mur. Beaux mouvements de foules et drapeaux rouges. Trémolos du temps des cerises. Discours creux qui servait la soupe à toute la gauche de la gauche. les verts, les homos, les syndicalistes, les fonctionnaires. Je suis déçu évidement, bougre d'âne tu attendais quoi ? Une campagne électorale est une comédie c'est tout. Je suis bien emmerdé, je sais plus pour qui je vote à J-32. Peut-être bien pour Mélenchon quand même. Il faut mettre la pression au PS. Je veux un nouveau communisme qui fait rêver. Celui là me déprime. Me déprime-t-il autant que les jolis mots des cravattés du PS ? Leur façon d'emballer dans la ouate les marteaux du FMI ? C'est toute la question. Je vais peut être finir par me lancer dans la cause perdue et revenir à mes amours vertes. Après tout si j'ai bien lu, Mélenchon mis à part, seule Joly a dit des choses sensées sur les grecs. Dérive, dérive, dérive.

12 mars 2012

 

Ouiski, SPV et homéoputes


Oui cher lecteur je t'aurais tout fait. Après la baveuse opinion politique, l'hommage au mort.
Mais bon. Giraud. Moebius. Blueberry est toujours ma bédé préférée du monde. Vous pouvez garder vos saloperies américaines, manger vos mangas (bon, pas tous, je m'emporte) et vous nettoyer les fondements avec vos lignes belges. Et la bédé dite indé m'a jamais semblé vraiment toucher cette grâce-là non plus. La grâce du premier amour je suppose. Le spectre aux balles d'or et son romantisme herzoguien halluciné, quel esprit un tant soit peu normal (c'est à dire agité) peut se remettre d'une lecture pareille ? Et Ballade pour un cercueil ? Et Angel Face ? Tellement relues (le re ici indique plutôt la répétition en elle-même que la seconde occurrence de lecture, on l'aura compris) qu'elles ont tracé dans mon psychisme un sillon indélébile. Et que dire de l'Incal ? Le "grand spectacle politique" du nouveau clonage présidentiel ? Les télé-ads ? Le crédit sexuel de la région parisienne ? Deepo ? Kill tête de chien et son oreille trouée par cet idiot de Difool ? Les aristos des niveaux supérieurs de la ville-puit ? Ah putain. RIP.

07 mars 2012

 

ai(4)

ai à l'heure où j'écris ces lignes quasi-envoyé le PDF de Berlin Sampler à l'imprimeur. Version anglaise pour une sortie berlinoise en collaboration avec le magazine anglophone Exberliner. Légère panique des dernières rererelectures d'un manuscrit dans une langue non maternelle. Soirée de lancement, interviews, discussion publique avec un "pannel" de gens qui savent (et il y a du beau monde de prévu, assez pour faire pipi dans sa culotte) : le Lessour va avoir du boulot de représentation. Il semblerait qu'il y ait pas mal d'intérêt aux premiers contacts que nous avons eu avec des journalistes et autres. Nous verrons. Semaine d'emails dans tous les sens et de coups de fils de calage des derniers détails avec différents intervenants (graphiste, imprimeur, exberliner).

ai lu une bonne moitié du Retromania de Simon Reynolds qui est très bon. Le premier véritable essai sur le délire 2000 monomaniaque global pour le passé. Particulièrement en musique, en musique pop, qui fut pendant des décennies le lieu du présent exclusif. La disponibilité de la musique numérique est en train de tourner la popmusique entièrement vers la fascination pour elle même. La pop des débuts parlait de sexe et d'aventures intimes, la pop des années 2000 ne parle plus que de pop. Elle n'invente plus, elle se contente de faire joli. Elle se classiquise. Elle se jazzifie. Elle est en grand danger de se racornir et de sentir mauvais.
De l'ipod, de youtube et des périls de cette abondance pour l'économie esthétique. Je me découvre pas mal des traits de la passion-du-passé des années 2000 (Berlin Sampler d'ailleurs...) mais pas tous (j'ai toujours refusé d'avoir un ipod et je n'ai jamais vraiment eu de disque dur plein de machins que je n'écoute pas. Je JETTE même assez régulièrement les choses que je télécharge...), la faute peut-être à mon grand âge. Le livre ne juge rien, il constate avec pas mal d'humour et beaucoup du fond de vieux briscard de la critique rock. Reynolds a des goûts plus large que moi mais son vieux passé post-punk et raver me parle beaucoup (parle à ma nostalgie). Au bout du compte je crois que nous souffrons de la même maladie : la nostalgie du futur. Du temps béni (des nineties pour moi, du punk et des nineties pour lui) où nous avons cru que le passé n'existait plus. C'est ma retromania à moi en tout cas.

ai tombé - à propos du passé - sur un scan de Acéphale, la revue de Georges Bataille où écrivait avec lui des petits plumitifs comme Roger Caillois. Faisons fête à la mort et faisons de la mort une fête. Ce sera encore la meilleure façon de nous venger de la trahison de la vie. Ce genre de choses. Réédité par Jean-Michel Place qui avait déjà fait Le surréalisme au service de la révolution. Quel beau métier. Je me l'offre dès que possible.

ai récupéré le programme de Mélenchon qui m'a fait mal. ça m'apprendra ! Mais j'irai à son meeting du 18 mars puisque je serai à Paris pour le (fuckin) salon du livre.

This page is powered by Blogger. Isn't yours?

Older Posts newer Posts