21 mars 2012

 

ai(5)

ai vu Paris. Paris et son soleil d'été. Le premier depuis 6 mois. Paris et sa foule industrieuse. Paris qui ne sait pas perdre son temps. Paris où même les cafés ont des sièges éjectables.
ai vu le Salon du livre. Il sent l'horreur corporate. Le remugle malséant de la merdaille du commerce, le plus pur et dur, celui qui ne vend que lui même. Les cravattés à carte de visite qui sont presque touchant tellement ils ont l'air ennuyeux. Et les gens, qui au moins sont des gens. Inventer une typologie des feuilleteurs de livre (du feuilletage très rapide sans y penser, en regardant AILLEURS, jusqu'à la lecture de 20 pages direct sur le stand). Ou une typologie de ceux qui recherchent un éditeur pour leur manuscrit ("Votre manuscrit n'est pas sans certaines qualités, pilé et mélangé au yahourt il semble guérir de la gastro-entérite" dit un des Tampons pour éditeur que m'a offert M.). Boucan des micros mélangés des différentes conférences. Océan de livres inutiles. Léger écoeurement (et les miens, ils sont utiles ?). Beaucoup trop de gens. ai fait une rencontre intéressante avec un éditeur demi chilien et demi français qui publie des ouvrages de spiritualité et de musique bruitiste (non je n'invente rien, c'est ). Et cela a peut-être valu le coup rien que pour ça.
ai été au Théâtre, parce qu'on m'y a emmené. Je n'ai jamais pu encaisser le Théâtre. Les acteurs qui hurlent, leurs simagrées embarrassantes, leur espèce de lyrisme chargé totalement déplacé du genre "MAIS-euuuh Je t'aimeeeeeeuh Lili-euuuuu". Comme ça, sans rien éxagérer. Au théâtre de la ville. En 2012. Victor ou les enfants au pouvoir, n'a certainement pas failli à la réputation de sous-art sursubventionné qu'a souvent le théâtre français. Des acteurs médiocres y confondaient intensité et brutalité. Artaud disait en son temps que plus personne ne sait hurler en Europe. Mais ces gens du coup HURLENT pour respirer. Et oublient les autres vertus expresives de leur appareil buccal. Et l' intérêt esthétique d'une notion oubliée : le contraste. Une mise en scène bouffie de clichés que les grecs auraient déjà trouvé éculés (des MASQUES, PUTAIN !) portait mal un texte pourtant doté d'assez folles fulgurances. Restait quelques idées de décors. Une ou deux gracieusetés sonores. Et des samples de Armenia de Einstürzende Neubauten qui méritent à bien y réfléchir rien moins que la pendaison pour le "compositeur" qui je l'espère utilise cet argent soutiré à l'Etat à vivre grassement dans quelques contrées où l'on lésine moins sur l'amour et la paresse.

ai vu tony allen à Banlieues Bleues. cours de polyrythmie à l'usage de tous. combien peut-on entasser de rythmes différents tout en restant léger et naturel ? "simple" ? ça me fait penser à ces ethnosmusicologues qui pour parler de la musique de quelque tribu pygmée découverte dans les jongles ténébreuses, quelques lumineuses musiques des côtes guinéennes, ne peuvent pas s'empêcher d'en mesurer la complexité pour en prouver la valeur. "Architectures complexes de polyrythmies micro-tonales", ce genre de conneries. Ils font comme les autres. De l'intelligence calculée au poids. De l'éjaculat de contrôleur de gestion. Allen est dans la grâce lui, et ça ne se mesure pas les enfants... L''Afrique, et le bruit. l'ordre du corps au sein du chaos, mouvement dans le mouvement. La musique est une nage comme une autre. Des contingences dans des contingences.

Ai vu Mélenchon à la Bastille. Comédie anté-chute du mur. Beaux mouvements de foules et drapeaux rouges. Trémolos du temps des cerises. Discours creux qui servait la soupe à toute la gauche de la gauche. les verts, les homos, les syndicalistes, les fonctionnaires. Je suis déçu évidement, bougre d'âne tu attendais quoi ? Une campagne électorale est une comédie c'est tout. Je suis bien emmerdé, je sais plus pour qui je vote à J-32. Peut-être bien pour Mélenchon quand même. Il faut mettre la pression au PS. Je veux un nouveau communisme qui fait rêver. Celui là me déprime. Me déprime-t-il autant que les jolis mots des cravattés du PS ? Leur façon d'emballer dans la ouate les marteaux du FMI ? C'est toute la question. Je vais peut être finir par me lancer dans la cause perdue et revenir à mes amours vertes. Après tout si j'ai bien lu, Mélenchon mis à part, seule Joly a dit des choses sensées sur les grecs. Dérive, dérive, dérive.

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