29 février 2012

 

J-60 ou à peu près

Mélenchon.
Pour le moment le seul qui me semble tenir un discours raisonnable (Et en plus son blog est bien tenu. Son décryptage des 75% d'impots de Hollande est assez savoureux. effets de seuil, ridicule de la différence entre la tranche de 45% d'impôts pour 100 000 euro et de 75% à 999 999+1 etc.).
je ne parle pas d'un discours de "colère" type "sortez les tous" (c'était pas très heureux). non je crois qu'il tient un discours raisonnable. La bonne gestion a changé de camp. L'abstentionnisme PS ne fait pas une politique (et je ne mentionne plus le vichysme des autres). J'ai une certaine sympathie pour le professionnalisme politicien doux et semble-t-il non cupide de Hollande. Mais pas non plus d'adhésion. Mélenchon a le mérite de se refuser aux coups de massues qu'on inflige aux gens sous le masque du bien gouverner. Et de faire de l'anti-fascisme clair. La situation de la Grèce enfin me semble un enjeu capital. Quelques soient les torts des refuseurs de payer l'impôt, ce qui s'y passe relève de la plus grosse faute morale européenne depuis la pantalonnade ridicule du canal de Suez. Le coup de la punition humiliante. Le bonnet d'âne. Le refus de la souveraineté. Je suis pas sûr que le "vivre ensemble" puisse s'en relever. Ils brûlent des drapeaux nazis devant l'ambassade d'Allemagne là-bas (et "Berlin juge "inacceptable" le manque d'entrain des Grecs à se faire aider" titre le journal crypto-marxiste Le Monde). Quant à la rationalité économique du remède (baisser salaires et prestations sociales pour augmenter la compétitivité industrielle d'un pays dont l'économie est basée sur le tourisme) du haut de mes compétences limitées cela me paraît tenir de la saignée en médecine (je ne sais pas où j'ai piqué cette image mais oui je l'ai piqué). C'est quoi le but ? Installer des foxconn locales, réinventer un lumpen-lumpen petit prolétariat ?? Pouvoir fabriquer pour rien au sein de l'UE ? Faire à terme la compète du moins-disant social avec les Philipines ou le Vietnam ? Oh, la belle idée !

Evidemment je réserve mon jugement pour la suite.

Ici à Berlin je n'ai jamais parlé autant de politique, bizarrement.

27 février 2012

 

ai (3)


ai glissé sur ce American Progress de John Gast en faisant quelques recherches sur le concept de révolution industrielle pour mon papier sur la musique (industrielle). Notez l'absence de noirs (le progrès ne s'occupe pas de ses esclaves), et bien évidemment la sainte trouille des sauvages devant la beauté appolinienne terrible de l'Europe qui va leur mettre une sacrée raclée. Victoire des forces du Livre sur la nature et ses sauvages. Vers l'Ouest.

ai découvert l'existence d'un des plus grands succès de l'histoire du cinéma américain, The Jazz Singer (1927), un des premiers films parlant (chantant). Le héros, fils de Rabin rejeté par son père pour avoir chanté dans un bar, finit par se réconcilier avec lui en chantant les prières traditionnelles sur son lit de mort. Le public blanc découvre une spiritualité dans le jazz qu'Al Jolson chante maquillé au cirage. Ce masque qui paraît ultra-offensant maintenant a été vu à l'époque comme un véritable pas de rapprochement avec les damnés de la terre américaine. Les afro-américains de l'époque ont aimé Al Jolson. Et les blancs l'ont plébiscité. Cinquante ans après le "progrès américain", il fallait en fait redéfinir la notion d'américain en y incluant le noir. Le jazz passait du statut de negro music à celui d'american music. Toute l'identité occidentale vacillait sur son piédestal.

ai vu Still Life de Jia Zhangke, film de croisements amoureux dont le véritable personnage principal est le barrage des trois gorges, ou plutôt la vallée qui sera bientôt noyée et le processus de mise en ruines. C'est très bon.

ai écouté Golden Disko Ship, un berlinoise qui fait parler d'elle en ce moment (et enregistre avec Faust). Mitigé je suis.

ai piraté mon premier livre. Mon père m'a offert à noël une liseuse que je n'utilise encore que très peu. En tant qu'éditeur je voulais me tenir au courant. La machine est confortable à la lecture mais je ne suis pas encore hyper convaincu. Résultat je n'ai en deux mois que téléchargé quelques bouquins du domaine public (au Canada) : un NIetzsche, un Bernanos, un Poincarré. Je n'en ai fini aucun, j'ai importé la culture du zapping dans la liseuse. Et maintenant j'ai envie de me faire l'énorme saga fantasy du Trone de fer (j'ai beaucoup aimé la série. Et ça fait bien longtemps que je n'ai pas lu de fantasy). Elle n'existe pas en français en version électronique, pas dans l'offre légale. Mais le fichier piraté est à deux clics. C'est ce que je craignais : l'industrie a créé un monstre qui va la bouffer du dedans. Pirater un truc aussi "hollywoodien" ne m'a pas paru moralement trop contestable. Je l'ai fait sans trop y réfléchir parce que je voulais lire ce bouquin, et que ses 5000 Pages ou à peu près convenaient parfaitement à l'électronique. Les livres ne pèsent rien. Il n'y aura pas de megaupload du livre. Le FBI ne n'aura rien à débrancher. Les chances de freiner le trafic sont nulles. Et les éditeurs vont eux-mêmes créer les fichiers électroniques (qui sont quand même particulièrement pénible à créer à partir d'un livre. Ripper un dvd est facile, mais scanner six cent pages...). Suicide en direct. Les auteurs sans moyens marketing n'en sortiront pas gagnants. Les petits éditeurs vont en chier. Tout cela pour un objet qui coûte cher et dont le confort ne vaut pas le livre. Son seul avantage, embarquer plein de bouquins en peu de place. Est-ce suffisant ?
On peut par contre espérer des usages d'écriture qui vont s'adapter au nouveau médium. Quand l'écriture sera véritablement pensée avec son outil de diffusion alors la technologie aura servi à quelque chose. On en n'est pas là. Et je ne suis pas sûr que ce soit la liseuse qui va permettre ce genre de chose. Le smartphone risque bien de gagner la compétition de la créativité numérique. Je dis ça vu de loin. J'ai un samsung à 20 euros. Ce qui fait de moi un néo-luddite.

23 février 2012

 

ai (2)

ai fait mon affiche de campagne de la france forte, un poil trop cryptique pour être drôle, je le crains. De toute façon, rien ne vaut la Francfort avec la saucisse à la place du nez.

ai d'ailleurs, sur un emballage tombé d'un camion en pleine Donaustrasse, découvert que saucisse se disait Sosis en turc. Un carton entier de Sosis d'Adana ou d'Anatolie je ne sais plus, avec une photo orange

ai fait mes adieux à mon ami Guillaume. Une de mes grandes amitiés locales. L'est partie en Corée pour deux ans. Nous avons dans la grande tradition pris de la schnouffe et bu des bières avec le JB très tard cette nuit. mélancoliques et tout. ILs ont passé de la musique funèbre dans le café et nous nous sommes englué dans le Beyrouth et le Johnny Cash. C'était une soirée trainante. Guillaume n'arrivait pas à se décider à en finir. Nous étions tous épuisés. C'est là une des difficulté avec ma conception peut-être un peu tordue de la loyauté, je me devais d'avoir cette "dernière" sortie avec lui, même si je sais qu'on se reverra dans pas si longtemps. C'était presque rituel. Résultat, j'ai les yeux de Gollum aujourd'hui. Guillaume me manquera. C'est un garçon qui use de peu de mots mais très très souvent des bons. c'est assez fou comme il fait mouche. son incapacité à organiser sa vie est aussi gigantesque que son intelligence est vive. je n'ai jamais vu un tel appart' chez un plus de vingt ans. Décrire son taudis prendrait une vie de romancier. C'est aussi une des seules personne au monde que je connaisse qui quand il rentre quelque part fait cet effet aux femmes. Elles le veulent. Elles minaudent. Elles ont chaud partout. Elles cherchent des solutions d'approche. Le temps que vous évaluiez la situation de votre oeil semi objectif (et totalement jaloux) quatre le supplient au téléphone de leur laisser un créneau entre 2h et 3h si c'est jouable. Je l'ai vu de mes yeux vu. C'est le Théorème. Je me demande si l'équilibre de la balance érotique de la ville ne risque pas d'être rompu par son séjour en Corée. Le marché des amants semi-régulier va totalement s'ouvrir, la bulle risque d'éclater. Une énergie libidinale féminine pourrait noyer Berlin. Tsunami Cyprine. Les vautours affûtent déjà leurs ailes et leurs cous décharnés et se préparent à la curée.

ai été commissionné par Mouvement pour un petit article sur la musique industrielle. Au début je me suis dit "pffff been there, done that", depuis à peu près 1992. Puis finalement je me suis dit que bon pourquoi pas. Ma vie est une éternelle répétition, c'est tout. D'autant que cela va me servir pour mon autre projet. L'article commencera à peu près par ces mots, peut-être un tantinet excessifs mais raides et beaux comme la justice : "La mécanisation de la mort est le substrat réel de l'industrie de masse".
Je ne sais pas si je pourrais y régler de façon définitive la question de la quelle des deux chansons est la plus flippante de l'univers : Frankie Teardrop ou Hamburger lady ? Bon il existe en fait depuis les années 70 moults autres trucs flippants et technologiquement bien plus rèches. Mais peu atteignent ce "je ne sais quoi" comme disent les américains. J'ai toujours eu un faible pour Frankie. Qui tue ses enfants et sa femme qu'il ne peut plus nourir avec son travail à l'usine et hurle ensuite à la mort pendant environ six minutes à s'en décrocher les poumons. Hamburger Lady c'est la femme cramée dans un accident de bagnole (je crois). Plus subtile dans son horreur. J'avais en mes années 94/95 pondu au quatre pistes cassette avec un petit synthé et une disto un morceau "Hamburger Baby" qui confrontait les babils un peu ralentis d'un enfant avec des notes graves du clavier poussées dans la disto. J'en étais très fier. Un certain Denis J. qui fût mon boss à la fin des années 90 a perdu l'unique cassette master dans un de ses week end à la campagne. Je ne peux je suppose que l'en remercier.





En bonus pour ceux qui sont d'humeur gothique. Je ne parle pas ici de gothique de petites frappes qui se la racontent avec des cols chauve-souris. Je parle de l'odeur glacée de la vermine qui rampe et se multiplie sous votre peau. Le murmur d'horrur de la mrt vr


15 février 2012

 

ai (1)

(PS : peut être une sorte de début de journal. on verra si je le tiens. et si je le tiens public. j'ai quelques doutes sur la sincérité d'une chose publique, enfin plutôt sur son intérêt. mais poster permet de le sortir de soi, de vraiment le formuler. ce qui est le but de ce blog. on verra sur la "longueur")

ai interviewé Mark Z Danielewski (l'auteur de la Maison des feuilles) pour Exberliner.
y ai appris entre moult choses la différence entre le logos grec et le dabar hébreu, qui représente si j'ai bien compris le geste actif, performatif, de nommer en même temps que le mot lui-même, donc une assertion, un jugement sur le monde, un pacte, une prière. Le logos est plus statique. Il représente le "vrai" réel derrière les apparences, un être immobile, éternel, immuable et surtout indépendant de celui qui prononce les mots

ai lu dans Libération, sur le blog des 400 culs, que les éléphants savaient se faire jouir avec leur trompe. économie animale. Monde riant d'Onan le grand. Libé d'ailleurs en léger regain de côte d'amour personnelle avec son bobaromètre de la présidentielle.

ai pondu un papier-bouse insondable de médiocrité sur le festival berlinois Club-Transmediale (lui même très médiocre) pour Mouvement. Ai dû le refaire intégralement. la honte. la té-hon comme disait mon frère pendant les grandioses années quatre-vingt du début. Et là Jérôme le patwon me le réécrit de la mort. Je refuse du coup de le signer. Compromis est trouvé, à cause de ce que je me sentais trop piteux pour faire iech. Mais je risque sur la longueur (si longueur il y a) de m'avérer un très chiant collaborateur.


ai eu de vendredi à lundi une mini gastro fiévreuse au moment où deux femmes (amies d'un ami) que je n'avais jamais rencontré squattaient chez moi. dénégation du droit inaliénable de se cacher pour mourir. comme Vahiné le chien de mon oncle Gilles, que j'ai vu partir au jardin vers 1979, sans même me regarder ou me proposer la baballe, mon oncle m'intimant de ne surtout pas le suivre.

ai ensuite eu deux insomnies de suite à prendre des dizaines de notes, notamment sur l'amusique, à écrire des poésies post-modernes et à lancer quelques pistes exploratoires (ou "chemins qui ne mènent nulle part") à propos de JRR Tolkien auquel il semblerait que personne n'ai jamais rien compris (et dont je ne suis visiblement toujours pas débarrassé). évidemment je ne suis pas spécialement pressé de les relire. Mais je note chez moi ces "crises d'inspiration" totalement désordonnées qui ne sont pas des angoisses de page blanche mais au contraire des débordements hallucinants de logorrhée. usant.

ai lu avec joie perverse et consternation mêlée les démêlées du suprêmatiste occidental Claude qui-prend-le-gué (qui dans-le-Gué-prend-l'eau ?). La réponse du député de Martinique était d'une vérité aussi nue que crue. C'est l'Europe qui a accouché du nazisme et des camps (premier camp de concentration par les anglais contre les boers vers 1900), pas l'Afrique ni les caraïbes, ni la chine, ni le turkménistan. Je vois bien l'argument rampant : dire que c'est nous qu'on l'a fait parce qu'on était plus malin et que les autres ne se seraient probablement pas gênés (Poitiers, Charles Martel, tout ça). Et bien oui, mais c'est quand même l'Europe qui a l'extermination calculée et la chosification massive des hommes et des peuples en héritage, pas les autres, pas ceux ont semble-t-il oublié à un moment de s'obséder en permanence à vouloir maîtriser le monde. et l'autre qui dit en substance que nous au moins on a créé la sécurité sociale. Il y a peut-être un bon grain et une ivraie, mais l'un n'existe pas sans l'autre. La société de la démocratie et du progrès technique n'est dans les faits PAS séparable de ses angoisses insondables et autres désirs d'espace vital, petites joies malignes d'humilier ses "concurrentes". il semblerait d'ailleurs que le grec soit devenu une sorte de sauvage sur lequel l'allemand aime à nettoyer le dessous de ses semelles. le mauvais payeur comme esclave et comme bouffon. La "construction européenne" avance vers le futur comme la statue de Lénine remise dans un hangar pointe vers le progrès.

03 février 2012

 

Lee Perry tu fais chier

C'est qu'il fait froid ici. - 13 ou - 14 pendant la nuit. Alors on augmente le chauffage. On fout tout à fond. Le secret du warrior-vrai c'est de le baisser juste avant de se mettre au lit, de ne pas le laisser vous rotir toute la nuit. Sinon on risque le coup de sécheresse et de chaleur qui vous extirpe du sommeil. La nuit dernière j'ai oublié de le baisser. Et les conditions de température et de non-humidité de la pièce ont alors violemment agi sur mes affres intérieures. Nous ne sommes que des éponges dans l'océan du devenir. Lee Perry chez qui nous dormions tranquillement s'est mis d'un coup à jouer des disques très fort et à s'en prendre à ce pauvre Egmont qui ne lui avait rien demandé. Il lui cognait la tête contre l'émail de la baignoire dans la salle de bain. Je me suis réveillé pour arrêter le massacre. upsetting isnt'it ? Lee, sois raisonnable, il va falloir que ça cesse. Lâche moi la grappe. Dringend.

02 février 2012

 

Hildur est Lee



Il n'y a pas que Lee Perry dans la vie. Assertion discutable. Rapport à l'infinité des Lee. Kung FU master*. Pipecock Jackxon**. Indomptables et indicibles véhicules de Jah. Lee a bien dit à plusieurs reprises qu'il était blanc. Et Hildur est bien plus noire que ses cheveux blonds et son violoncelle ne le laissent entendre. Hildur pleure l'Ur-ExistenZ d'avant la Babylon, l'eden perdu le jour maudit où nous les hommes avons cessé de flairer avec appétit les menstrues des femmes*** et dans le même temps appris à compter depuis notre station debout.
Perry cherche le talisman qui permettra de souffler la babylone d'un coup, et tout l'édifice normatif du pouvoir blanc s'effondrera alors dans la vapeur du poisson grillé, de l'huile de coco, de la fumée de ganja et de l'alcool de canne.
A la fin tout sera révélé et les masques tomberont. Hildur est Lee et Lee est Hildur. Evidemment.



* : http://www.youtube.com/watch?v=MWNdSLJ_ji8 I am the kung fu master, I am the champion... lalala, la la

** : http://www.youtube.com/watch?v=UhtnihqXkec

*** : le docteur Freud était un drôle (un peu pince sans rire).

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