27 février 2012

 

ai (3)


ai glissé sur ce American Progress de John Gast en faisant quelques recherches sur le concept de révolution industrielle pour mon papier sur la musique (industrielle). Notez l'absence de noirs (le progrès ne s'occupe pas de ses esclaves), et bien évidemment la sainte trouille des sauvages devant la beauté appolinienne terrible de l'Europe qui va leur mettre une sacrée raclée. Victoire des forces du Livre sur la nature et ses sauvages. Vers l'Ouest.

ai découvert l'existence d'un des plus grands succès de l'histoire du cinéma américain, The Jazz Singer (1927), un des premiers films parlant (chantant). Le héros, fils de Rabin rejeté par son père pour avoir chanté dans un bar, finit par se réconcilier avec lui en chantant les prières traditionnelles sur son lit de mort. Le public blanc découvre une spiritualité dans le jazz qu'Al Jolson chante maquillé au cirage. Ce masque qui paraît ultra-offensant maintenant a été vu à l'époque comme un véritable pas de rapprochement avec les damnés de la terre américaine. Les afro-américains de l'époque ont aimé Al Jolson. Et les blancs l'ont plébiscité. Cinquante ans après le "progrès américain", il fallait en fait redéfinir la notion d'américain en y incluant le noir. Le jazz passait du statut de negro music à celui d'american music. Toute l'identité occidentale vacillait sur son piédestal.

ai vu Still Life de Jia Zhangke, film de croisements amoureux dont le véritable personnage principal est le barrage des trois gorges, ou plutôt la vallée qui sera bientôt noyée et le processus de mise en ruines. C'est très bon.

ai écouté Golden Disko Ship, un berlinoise qui fait parler d'elle en ce moment (et enregistre avec Faust). Mitigé je suis.

ai piraté mon premier livre. Mon père m'a offert à noël une liseuse que je n'utilise encore que très peu. En tant qu'éditeur je voulais me tenir au courant. La machine est confortable à la lecture mais je ne suis pas encore hyper convaincu. Résultat je n'ai en deux mois que téléchargé quelques bouquins du domaine public (au Canada) : un NIetzsche, un Bernanos, un Poincarré. Je n'en ai fini aucun, j'ai importé la culture du zapping dans la liseuse. Et maintenant j'ai envie de me faire l'énorme saga fantasy du Trone de fer (j'ai beaucoup aimé la série. Et ça fait bien longtemps que je n'ai pas lu de fantasy). Elle n'existe pas en français en version électronique, pas dans l'offre légale. Mais le fichier piraté est à deux clics. C'est ce que je craignais : l'industrie a créé un monstre qui va la bouffer du dedans. Pirater un truc aussi "hollywoodien" ne m'a pas paru moralement trop contestable. Je l'ai fait sans trop y réfléchir parce que je voulais lire ce bouquin, et que ses 5000 Pages ou à peu près convenaient parfaitement à l'électronique. Les livres ne pèsent rien. Il n'y aura pas de megaupload du livre. Le FBI ne n'aura rien à débrancher. Les chances de freiner le trafic sont nulles. Et les éditeurs vont eux-mêmes créer les fichiers électroniques (qui sont quand même particulièrement pénible à créer à partir d'un livre. Ripper un dvd est facile, mais scanner six cent pages...). Suicide en direct. Les auteurs sans moyens marketing n'en sortiront pas gagnants. Les petits éditeurs vont en chier. Tout cela pour un objet qui coûte cher et dont le confort ne vaut pas le livre. Son seul avantage, embarquer plein de bouquins en peu de place. Est-ce suffisant ?
On peut par contre espérer des usages d'écriture qui vont s'adapter au nouveau médium. Quand l'écriture sera véritablement pensée avec son outil de diffusion alors la technologie aura servi à quelque chose. On en n'est pas là. Et je ne suis pas sûr que ce soit la liseuse qui va permettre ce genre de chose. Le smartphone risque bien de gagner la compétition de la créativité numérique. Je dis ça vu de loin. J'ai un samsung à 20 euros. Ce qui fait de moi un néo-luddite.

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