16 août 2012

 

ai (17)


ai pondu 20 minutes de musique avec Mathias Delp. aka Lena. Un rêve mis sur "bande". Tout ce que j'ai pu chercher à faire avec M. l'année dernière mais jamais réussi la faute au balai dans le cul que nous avions tous les deux. Voix, guitare, noise, petits bruits. Frottements et frictions divers, textes improvisés, dialectiques douceur/violence et explosion-qui-arrive-jamais/retenue-qui-déborde. Tout comme il faut en sept titres courts vraiment bien tenus. J'ai conscience qu'il ne faut pas que je m'enflamasse et j'ai même un petit post-coitum depressinoae : voilà j'ai pondu 20mn de musique comme je la voulais, vraiment comme je la voulais, comme j'osais même plus la vouloir, nous avons tous les deux halluciné sur la facilité avec laquelle les choses sortaient. Pas la moindre anicroche ou début de désaccord, une totale harmonie comme on dit. Et après vient la question sournoise : et alors ? ça n'est que ça ? je crois que c'est le lot de toute production artistique, réussie ou non. ça n'est finalement que ce que c'est. et c'est pas grand chose. des petites "chansons" un peu gauches. on met ses idées en forme et on découvre un registre finalement limité. 7 petits morceaux, vingt minutes de musique dans un océan d'information. bordel il n'y aura personne pour hurler au génie et jetter sa petite culotte. et même : il n'y aura personne pour avoir le temps d'y prêter attention plus que ça. moi même d'ailleurs je passerai à autre chose rapidos. faut que je m'y fasse. on parvient à formuler quelque chose, c'est capital sur un plan personnel, c'est fondamental à la survie de l'âme, mais le monde a d'autres Syriens à fouetter

ai pondu mon dixieme et dernier dub pour Michou. tout l'album de supermalprodelica dubbé par le tsé. C'est un drôle d'exercice de style que de faire de la musique avec la musique des autres. Méta-méta musique : michel reprend des chansons pop et je dub ses reprises. Ce disque aura les défauts de sa qualité : la spontanéité, la vitesse d'exécution et un certain je m'en foutisme drôlatique assez rare chez moi.

ai vu JJA, le film d'une amie de notre bande berlinoise. Qui a eu un prix au FID. C'est que voyez-vous notre bande, elle rigole pas. Et bien c'est plaisant de le dire : le film est très bien.

ai tombé sur cette citation de Karl Kraus (photo) : Le poète est celui qui rétablit le chaos. C'est je crois exactement ce que je voulais dire avec mon a-musique. Le musicien est celui qui rétablit le chaos. c'est sa mission cosmique, sa croix, son sacerdoce. A la limite je n'ai même plus besoin de l'écrire, tout est à peu près dit.

04 août 2012

 

au coiffeur


ai pris un plaisir coupable chez le coiffeur. Et je ne parle pas des tétons de la coiffeuse qui comme dans la chanson de Gainsourg ou à peu près touchaient deci delà mon épaule qui n'avait rien demandé mais n'a pas émis non plus la moindre plainte. Le plaisir coupable donc, je m'égare, je l'ai pris dans cette chanson de Chameleons que je n'avais pas entendu depuis 1908 ou à peu près, je n'arrive pas à en retrouver le titre, mais à la fin après les quatre doucereuses premières minutes il ya un long break et quand la basse revient en même temps que la guitare cristalline, tous les poils de ton corps veulent se faire la malle et danser la gigue avec tes souvenirs. Et puis après ils ont joué ce mix de Nicolas Jaar franchement tout comme il faut pour un samedi chaud chez le coiffeur, tout en mood poils qui se font la gigue en dansant la malle (bon : Keith Jarett ne va pas. Keith Jarett ne va jamais. jamais. Keith Jarett est un con : ça s'entend à chaque fois qu'il appuie sur le marteau et il passe sa vie à appuyer sur le marteau, cqfd). mais quand même, un putain de beau mix ambiant satiné. ouais, satiné. c'est bien sûr ce qui parfois m'escagasse un peu. Ou peut-être me rend envieux. oui envieux. j'aimerai bien savoir vivre dans un monde satiné. mais le mien est plus rêche. dans le mien les chansons de Feist me font toujours iech. dans le mien les jolies reprises du thème de in the mood for love sont publicitaires, elles serve à vendre du parfum pour des cadres sup qui étranglent le monde avec leur écharpe en soie. et dans le mien les rythmiques house pour vendre des rums coca sur la plage sont suspectes. je dois laisser le satin aux autres. mais des fois je rêve qu'en fait j'aurai un jour, trouvé le saint satin. le sein satin. la satiété du ceint satin, ses bras tout autour de moi. l'abandon les enfants est le secret du truc. et je l'ai perdu à un moment, quand j'ai commencé à comprendre qu'on me prenait trop souvent pour un con. depuis je cours derrière. à rêver tout haut et tout suant et tout haletant au gogo qui naguère fut en moi, con comme la lune. Merci Nicolas.

01 août 2012

 

Les enfants on se tue à vous dire que rationalisme morbide et humanisme ne sont ... (2)




Piquons nous d'interprétation picturale, et ne lésinons point sur nos effets : Les Ambassadeurs de Holbein n'est pas du tout une "vanité". Le placement du crâne en anamorphose mathématique ne nous dit pas que la mort finira par l'emporter sur l'humanisme et ses réalisations qu'on trouve sur l'étagère entre les deux personnages. Mais que l'humanisme porte en lui la mort. Qu'avec lui, l'homme devient la faucheuse. Qu'il est une méthode de mise à mort.

Un crâne mis en évidence/crypté (oui, les deux à la fois, délicieuse incertitude qui est aussi en soi déjà une bravade contre les fantasmes de certitudes) devant les outils de l'humanisme triomphant et toutes ces réalisations indiscutables de la civilisation ne serait-il pas plutôt le symbole évident de la morbidité de ce même humanisme ? Le crâne rappelle-t-il la fragilité de la vie ou la morbidité intrinsèque de la science, de l'abstraction fonctionnaliste qui pense toujours contre la vie ? Holbein est-il une sorte de journaliste à Télérama ("le peintre dans son génie et sa sagesse rappelle aux regardeurs la vacuité de l'existence et la fragilité de la vie") ou a-t-il assez de perversion* pour penser la critique du modèle de civilisation qu'il peint (il peint des ambassadeurs d'un système bien plus que d'un pays) ? Holbein se moque-t-il des deux ambassadeurs français imbus de leurpouvoir/savoir ou ne montre-t-il pas qu'ils portent en plus de leurs robes longues/robe courte, la mort elle-même ? Beaucoup d'objets de cette belle étagère sont des outils de navigation et de calcul. Retrait des conditions de la vie au nom de la découverte de ses lois, carte contre territoire. La corde du luth est brisée parce que l'harmonie de l'homme humaniste avec le monde est impossible... La "mathesis universalis" est un culte du non-vivant. Bacon (le philosophe pas le peintre, ni le jambon) qui est né trente ans après cette peinture a pu dire qu'il fallait "forcer dame nature". N'est-ce pas plutôt ce que les amabssadeurs nous disent ? Qu'ils vont joyeusement la retourner et lui vider les tripes avec leurs outils tranchants ?

A mettre les réalisations de l'homme en terme de maîtrise du monde au centre de tout (au centre du tableau, dans une position plus importante que celles des hommes eux-mêmes), ne montre-t-on pas que la guerre à l'univers est déclarée ? Holbein s'était distancé de ses premières amours humanistes (Erasme, More), peut-être par calcul politique. Thomas More, son ancien protecteur, est exécuté, par son nouveau protecteur, Cromwell (enfin si j'ai bien compris), lui aussi un grand défenseur des arts et des sciences. Ce qui évidemment doit inciter à une certaine prudence dans les déclarations d'amour. Holbein le jeune réalise donc un léger défaut à la cuirasse de l'Europe : l'humanisme est joli, il est fort, il ira loin, et il pisse le sang. On note d'ailleurs qu'un de ses contemporains, Agrippa, lui aussi allemand, alchimiste très lu à cette époque, publie "de l'incertitude et de la vanité des sciences et des arts" et les dénonce comme aussi néfaste que la magie... Merci à Alex Nagel pour ce tip... Vous qui êtes du genre retors noterez que Agrippa parle justement de "vanité" de la science. Alors tenons-nous en là : la vanité du tableau ne signifie pas tant qu'on va tous mourir un jour, mais que nos méthodes sont elles-mêmes des agents de la mort. C'est une vanité des vanités, une méta-vanité. La mort ne plane pas au dessus comme la damoclès, nous l'avons en main et la répandons partout. Capito ?

* Le peintre qui m'a l'air du genre taquin ne manque pas de glisser moults énigmes qui rendent absolument indigestes les interprétations courantes du tableau. Toutes embarquées dans des questions assez hallucinantes d'astronomie et de numérologie (CQFD).

Pour une lecture homo-érotique, c'est par ici (et c'est pas mal du tout) http://web.archive.org/web/20060423155438/http://www.newcastle.edu.au/school/fine-art/arttheoryessaywritingguide/analysisofhansholbeinstheambassadors.html

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