25 octobre 2006

 

Bayram

Bien il y aurait beaucoup à dire sur Bayram mais je n'en ai eu que la rumeur... je suis victime dirons-nous, sans nous étendre trop là dessus, d'une gastro à intensité basse, qui si elle ne me cloue pas au sol, limite fortement ma capacité de mouvement, ma "liberté d'aller et de venir" comme on disait à la fac de droit.

Mais tout de même ca fait trois jours que ca dure (Bayram ! ) j'ai donc pu voir en quoi la ville était transformée. On m'avait prévenu qu'un flux de jeunes allaient envahir la ville mais je n'avais pas saisi qu'il fallait prendre ces paroles au pied de la lettre... ma rue est envahie par des jeunes. Des jeunes de basse extractions. de jeunes de province. des jeunes de banlieues lointaines. Des jeunes tous endimanchés dans leur plus beau t-shirt immitation D&G, avec leurs plus belles chaussures en cuir blanc, bien peignés de frais. Des jeunes en bande. Des dizaines, des centaines, des milliers, comme une manif sans slogan, de jeunes qui arpentent ma rue. 80% de mecs, je suppose que les filles sont à la maison, préposées aux baklava ? C'est une sorte de "goguettisation" généralisée d'Istanbul. Les commerces ont tous fermé et à la place des sandwicheries (le Tavuk reigne en maître sur les sandwiches, le pilav est à 1 lira l'assiette. Yuksek Kaldirim c'est Bactery Alley), des vendeurs de cacahuettes grillées, de fruits, des vendeurs de clope à l'étal, des dizaines de métiers se sont inventés pour profiter du passage ininterrompu. la rue est un fleuve de gens. Les mendiants font du chiffre aussi. Et les prostituées dans la rue d'a coté, qui sont un peu mythiques pour moi puisque j'en entends parler mais je ne les ai jamais vues, doivent faire l'équivalent de la troisieme semaine de decembre pour un magasin de jouet.

Ce qui m'a marqué en les voyant ces gens, en jouant des coudes pour atteindre mon supermarché, mon restau, en tentant d'aller chercher des tunes ou acheter un billet pour un concert, c'est la différence. Le stanbouliote que je croisais jusque là était un citadin, même un citadin prolo. C'est a dire quelqu'un d'ancré dans un contexte précis, historique, sociologique, culturel. je ne me sentais pas "proche" de lui, j'étais l'étranger, mais je parvenais à saisir même inconsciemment le cadre dans lequel je pouvais le penser. Mais ce que je vois là c'est un débarquement d'énergie absolument "délocalisée", sans histoire et sans géographie. De la potentialité pure, et surtout de la différence brute. ces gens viennent d'un nulle part, d'un non lieu, c'est écrit sur leur visage poupin, c'est écrit sur leurs fringues et sur leur gomina. j'ai à la fois l'impression de bien les saisir, ils donnent trop d'eux mêmes pour être difficile à cerner, et de n'y rien piger. c'est vrai que nous vivons dans des sociétés compartimentées. et que la différence quand elle surgit nous terrorise. l'énergie sans histoire, le non appréhendable, l'intangible que représentent finalement ces gens. LE JEUNE de BANLIEUE bordel ! Intangibles et effroyablement banals. Intangibles en D&G...

J'ai du vieillir. peut etre que je viens tout juste de saisir la difference entre histoire, personnelle, et potentialité. c'est une difference de 10 - 15 ans. Attention à ne pas laisser le passé prendre le volant.

Bon cut the crap ! A bientôt.

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