18 novembre 2012
ai (20)
ai mixé dans un bar sur le Kotbusserdamm. je dis à chaque fois non quand on me demande, je suis pas foutu de faire danser les gens, j'ai jamais su. mais là j'ai dit oui parce que Zora (photo) qui y exposait ses toiles voulait de la musique "apocalyptique". évidemment c'est assez tentant. voir même occase unique, dans un vrai bar, avec des vrais gens, de la musique "apocalyptique" ? ai travaillé comme un âne pour avoir une heure et demi qui se tienne. voulais un truc genre bar enfumé, genre l'apocalypse qu'on observe depuis une vitre avec un cognac à la main. pas l'apocalypse sociale réaliste hein. pas des gens qui mangent des enfants au son d'une tronçonneuse. ou des tremblements de terre en super infra basse qui font mal, ni des bruits de bottes et d'hélicopteres mitraillants la savanne avec du wagner en fond. non, plutôt genre apocalypto-lounge tu vois. qui se fume en cigare. du très lent, et de l'extase. regarde le monde tomber au ralenti, et expire… j'ai bien chargé la barque du coup… et à ma grande surprise les gens sont vraiment rentrés dedans. j'ai même dû jouer le set deux fois d'affilé, et ça a d'ailleurs mieux marché la deuxieme fois que la premiere, taux l'acoolémie aidant, peut-être… passer ce genre de musique un vendredi soir à minuit dans un bar bondé, only in Berlin… et repasser les plats une deuxième fois, only in Neukölln…
Techniquement il s'agit d'une mixtape. je veux dire c'est une bonne vieille compile, sans blanc entre les morceaux mais pas un set de dj avec des trucs les uns sur les autres hyper sophistiqués non plus. ah, et le morceau de Ben Frost est une tuerie, limite le tube de l'année.
ai peu travaillé ma traduction. et peu travaillé tout court. c'est la faute à fabrice A. venu de Suisse pour un week-end qui m'a épuisé. La faute à l'hiver qui vient. (l'arbre devant mon balcon est aussi nu qu'un roi peut l'être). La faute à pas de chance. la faute à une dantesque série d'insomnies peut être bien dues à la conjonction de l'astre télévisuel et du mix dans un bar un vendredi soir. c'est que je suis un garçon sensible. j'en suis page 373, et c'est pas un exploit.
ai été emmené (par JB) au Théâtre, le plus beau et le plus "avant garde" de la ville, la Volksbühne, l'ancien théâtre du Berlin-Est de Heiner-Müller et tout. Pièce de deux heure et demie où des acteurs - dont un certain Blixa Bargeld - lisent des textes pendant qu'un groupe joue du rock assez classieux-bruitiste. Bon évidemment mon allemand n'est pas assez bon pour la haute littérature et deux heures et demi c'est de toute façon trop long pour moi. même avec d'excellents acteurs. j'ai noté la projection (deux fois !) d'un film porno satanique des années 20 et d'images du rassemblement nazi de Nüremberg en 34 sur fond de basses saturées, ce qui m'a surpris. ce qui passait encore chez les mômes de vingt ans pendant les concerts indus dans la cave au début des années 90 m'a un poil fait halluciner chez les représentants du théâtre d'avant garde allemand subventionnés par la mairie et tout. j'ai eu peur qu'ils concluent par des images des camps, mais en fait on a eu le droit à un coucher de soleil, véridique je le jure sur la tête de mon premier chat. Je crois que ça se confirme, je ne suis pas fait pour le théâtre.