16 mai 2012

 

ai (10)


ai quelques flottements de police de caractère à cause de la fuckin kafkaienne nouvelle interface de blogger.

ai pas une vie d'aventurier. Plongé dans l'amusique, quelques dîners avec les amis, des apéros quand il fait beau. JB avec son air sage et juvénile n'est pourtant jamais le dernier pour l'apéro, et toujours le premier pour sa continuation ad-noctum-eternam. R. qui s'est ajouté à la petite bande, est aussi un agent attracteur des forces centripètes de la dérive. J. qui se remettait d'une rupture douloureuse était aussi des notres ces temps-ci. Berlin ville des remises sur pied post ruptures atroces et/ou post flottements existentiels. J. a finalement été pris en résidence à Paris. Juste quand il commençait à trouver ici ce qu'il était venu chercher (l'air). Samedi, nous avons fini - mais pas trop tard, je résiste en ce moment au "trop" de tentation - dans un bar branché de Mitte, à boire des kölsch en devisant de ce genre de choses immenses qu'on oublie le lendemain. Sa façon raffinée de ne jamais être à sa place nulle part, mais toujours dans le bon débat nous manquera beaucoup. C'est ainsi, l'expatrié passe son temps à faire des pots de départs. La mélancolie menace et des mesures d'austérité sévères doivent être prise pour ne point sombrer dans une pesante sentimentalité (pas toujours couronnées de succès).

ai revu S. qui a voyagé deux mois en Asie et en Amérique. Pendant le repas elle n'était que récits de voyage et anecdotes fumantes (en Chine les anecdotes sont visiblement souvent fumantes). Au bar à la deuxième vodka elle pleurait d'un coup pour une amie atteinte d'un cancer. L'avion et son élévation, les nuages, la lumière au dessus d'eux, les continents et les océans en dessous, lui avaient je crois fait réaliser à plein notre saloperie de finitude.

ai, à propos de musique collectiviste, écouté la reconstruction de la Symphonie des sirènes de Avraamov, telle qu'elle a été donnée à Baku en 1922. Extrait des notes du CD traduit par ma pomme : Le plus élaboré et le plus impressionnant de ces concerts fut donné le 7 novembre 1922 dans le port de Baku en Azerbaidjan. Avraamov travailla avec des choeurs comprenant des milliers de chanteurs, les cornes de brume de la totalité de la flotte caspienne, deux batteries d'artillerie, plusieurs régiments d'infanteries, des hydravions, vingt-cinq locomotives à vapeur et sifflets ainsi que la totalité des sirènes d'usine de la ville. Il inventa même des instruments portables qu'il nomma "Sifflets vapeurs", un ensemble de vingt à vingt-cinq sirènes accordées aux notes de l'Internationale. Il dirigea la symphonie lui-même depuis une tour fabriquée pour l'occasion, en utilisant des drapeaux de signalisation dirigés simultanément vers la flotte des pétroliers, les trains en gare, l'arsenal du port, les véhicules de transport et les choeurs de travailleurs. Avraamov ne voulait pas de spectateurs, mais il attendait de chacun une participation active dans le développement de l'oeuvre, en chantant ou en s'exclamant, tous unis derrière la même volonté révolutionnaire". Selon une théorie dissidente mais intéressante, avraamov un anarchiste passé avec les communistes, à créé cette pièce pour justement dénoncer par sa propagande furieusement exagérée les dangers du collectivisme naissant. Avraamov aurait vu venir le désastre stalinien et l'aurait comme exposé en musique. Et les gens, ces veaux, n'y ont vu que du feu. Cette interprétation donne un peu plus de crédit à ce machin merveilleux mais indiscutablement boursoufflé à mort. Le CD est chez Sub-Rosa. A écouter ici si vous avez une IP non allemande :
http://www.youtube.com/watch?v=Kq_7w9RHvpQ

ai lu et aimé René Crevel, enfin juste quelques pages de son Babylone. – Qu’est-ce que la mort, qu’est-ce qu’une putain ? – La leçon est finie, ma chérie. – Mais tu ne m’as pas répondu. – Va t’amuser. Dis à ta bonne qu’elle te donne ton goûter. Le genre de livre maintenant un peu désuet où l'église et les bonnes moeurs font figures d'ennemis de la vraie vie. La belle époque*. Je ne le finirai probablement jamais, il faut être honnête avec soi-même parfois. Mais il me semblait bourgeoisement bien de le posséder dans ma bibliothèque. Ce genre d'achat en mode "possession - hommage" où l'on se caresse le karma littéraire en se touchant les tétons culturels devant la glace. Je pense toujours au pauvre Edmond Choupard d'Adèle et la bête (ou Momies en folies?)qui passe devant le Louvre... "la présence des oeuvres séculaires réchauffait le coeur du bourgeois adipeux épris de culture". Il meurt vite le pauvre Edmond, d'un infarctus bien mérité.

* Il semblerait qu'en Russie, la belle époque soit maintenant. Voir les Pussy Riot à l'église en train de chanter "vierge marie sois féministe, débarrasse nous de Poutine" vaut son pesant de cacahuettes. C'est qu'à moitié drôle, elles risquent 7 ans de prison pour vandalisme

ai écrit pour Mouvement une petite chronique de High Blues, le très beau disque des français Astrïd, sorti chez Rune Grammofon, s'cusez du peu. Je vais pas vous remettre ici le texte de ma chronique. Astrïd fait dans le genre ambiant avec de vrais instruments, doux et recherché, et raffiné de la mort. Je l'écoute en boucle, Astrïd. Vous devriez tous en faire autant.

ai revu le Parrain III qui est un tas de fumier puant. Mais l'évocation de la thèse du meurtre de Jean-Paul Ier m'a amené à écouter un vieux Rendez-vous avec monsieur X sur le sujet. Le pape assassiné ? Les traces du complot sont partout. Le banquier suisse pendu à un pont londonien, le journaliste italien (aux révélations fracassantes sur les brebis gâleuses du vatican) assassiné par la mafia... Le crime profite à l'ancien administrateur de la banque du vatican, que JPI voulait virer pour malversation, et que JPII va finalement garder (malgré une demande d'extradition de la maréchaussée italienne). Au bout du compte la version "complotiste" s'avère bien plus plausible que la version officielle "il est mort dans son lit il était très malade" (ce que dément son médecin personnel. le monsieur avait 66 ans). Fascinant.

Comments:
J'crois bien qu'il s'agit de Momies en folie (à moins que ce soit Le Démon de la tour Eiffel, haha).

Bien le bonjour, dérivant cultivé (à moins que ce soit l'inverse, haha).
 
c'est l'inverse (du contraire). bisXXX. N'oubliez pas que la porte berlinoise est ouverte, galopin !
 
C'est Momie en folie, je confirme. Le meilleure de la série. Tardi a épaissi légèrement son trait et cela donne au dessin plus de souplesse et d'assurance. Et puis il y a la construction de récit, baroque et lente. On attend beaucoup dans un Adèle. L'intrigue ne débute jamais complètement, elle s'étire.
Alexandre (Rennes)
Je suis tombé sur ton blog en faisant une recherche sur Edmond Choupard sur Google. La coïncidence tout de même...
 
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