07 mai 2012

 

ai (9)


ai été écouter Simon Reynolds au Hebel-am-Ufer, l'auteur de Rip it up and start again, de Retromania, de Energy Flash... le pape de l'écriture sur la musique dite "populaire" , invité à un festival "Apocalypse now and then" sur la notion d'apocalypse dans la musique pop moderne ! Simon Reynolds je me l'imaginais genre brun à lunette carrée de journaliste cinéma avec un air juvénile d'ado éternel. Super-bingo. Des baskets aux lunettes carrées, il est exactement comme il doit l'être. Mais un air juvénile à ce point je ne m'y attendais pas... on lui donnerait 28 ans, et même de près. Il en a 51. Lui ai passé un Berlin Sampler, évidemment. A ce festival toute une conférence sur Current 93, le renouveau folk-music anglais et le délire mystico-eschatologique de David Tibet sur l'apocalypse selon oui-oui (oui...). Voir ses musiques de jeunesses devenir des sujets d'investigations universitaires, ah c'est peut-être ça de vieillir... Ensuite nous avons pu voir Kode Nine reprendre à sa sauce La jetée de Chris Marker, avec un résultat que je qualifierai pour le moins de douteux. Puis un super groupe noise de la mort avec l'inévitable Stephen O Malley de Sun O, Aethenor. Pas génial génial les gars. 

ai été voir Monteverdi, enfin pas lui mais sa musique, au dernier étage du Radial system, avec la grande baie vitrée qui donne vue sur la Spree, le public alllongé sur des matelas de gym, pour une séance d'écoute d'une sélection prise dans son répertoire de madrigaux et de chansons. Une organiste avec un orgue à l'ancienne (c'est à dire avec un petit son très mesquin), une joueuse d'un énorme instrument à corde inconnu de moi avec un son tout petit aussi, et deux chanteurs. Les morceaux ?  De petits escaliers de lumières, de petites marches vers le ciel.  De petites envolées. de la pureté pour s'extirper de la vie fuligineuse d'il y a quatre cent ans. On s'offre la légèreté, la finesse. L'artifice. On donne de la valeur à la vie en s'en extirpant, en s'offrant  un temps de dialogue avec les étoiles. On se prouve que l'homme peut transcender sa contingence. Je pensais à cela en m'assoupissant sur ces vieilles beautés. Je pensais à l'homme de ces temps  dont la vie était pleine de la mort. Et la mort comme une force extérieure qui frappait, un destin. Et l'art bien ordonné qui offrait ce petit marche pied, cette transcendance. Et je me disais que la musique "classique" qui est survenue après aux 18e et 19e a franchi un cap, elle ne prône plus de s'échapper mais de dominer le monde... Et je pensais à l'homme d'aujourd'hui, qui porte la mort, qui donne la mort autour de lui. Qui est le faucheur, même involontaire. Qui répand  autour de lui la mort qui lui colle de partout....  l'homme d'aujourd'hui qui est lui même devenu le fléau... Evidemment qu'il ne peut plus faire la même musique. Il doit peut-être trouver un moyen de redonner la vie. Il doit alors intégrer à sa musique la contingence et la décomposition. Re-semer. Il doit choisir le son qui est matière fuyante et boueuse devant la musique qui  architecture invisible, immuable et intouchable. Il doit faire dans l'autre sens un marchepied vers le réel, vers la contingence, vers les joies de la boue...  oui je pensais vraiment à ça. je l'ai même inscrit dans les pages liminaires du livre que je lis en ce moment comme les idées me venaient et que la musique m'envahissait. J'ai emprunté un crayon papier à L. et j'ai pris des notes, comme un critique de restaurant au restaurant (mais j'ai pas eu de service spécial).

ai envoyé ma lettre de licenciement à Claude G., Henri G., Patrick B, Nicolas S., Jean-françois C. et tous les allumés de la chemisette rose qui leur servent d'amis. Sans indemnités. Vous nous rendrez l'ordinateur et les codes. Non, François F, n'insistez pas, pas la peine de faire un pot de départ. Nous ringards qui nous contentons de moins de 5000 euros par mois avons poussé un ouf de soulagement et même ressenti du bonheur fugace hier soir. Nous étions une vingtaine de français dans un appart berlinois, et j'étais je l'avoue parmi les plus enthousiastes. J'aurais bien aimé être à la Bastille. Ma mère me l'avait scandaleusement interdite en 1981 sous le prétexte fallacieux que je n'avais que dix ans. Et là les forces de l'Exil se mettent en travers de mon chemin. Mais quand même, c'était bon.  Demain s'ra difficile, peut-être, mais hier soir était grand. 

ai été interviewé par David S. pour la revue d'Optical Sound. Optical Sound est le label qui a sorti mon disque d'il y a quatre ans, La ralentie.  Et qui visiblement sort une revue sur "ses" artistes. Il a fallu revenir sur ma "carrière" musicale. Les labels, l'époque où j'écrivais dans Prémonition, Ghostdub, Colder, La ralentie... foutue drôle d'impression que de revenir sur le passé. Pas désagréable, l'introspection. Juste vertigineuse. Je posterai l'interview quand elle sortira. 


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