18 avril 2012

 

ai (7)


ai toujours pas été à l'expo de Richter, mais je suis par hasard tombé sur cette peinture (Schädel, 1983). Oh notre comité des affaires esthétiques en apprécie grandement le minimalisme-grotesque, le gothique Bauhaus, aussi beau et puissant et sanglant et comique à la fois qu'un Pierrot Lunaire de Schönberg (qui décidément ne nous lâche plus).
ai acceuilli W. un autre ami d'à peu près vingt ans qui voulait clubber dans la ville au printemps froid. W est resté dix jours. Avons un peu clubbé, mais tout de même c'est plus de notre age cette lascivité de tous ces corps qui se frottent sur des musiques sensuelles, nous sommes passés à autre chose, nous avons grandi, évidemment, nous ne nous laissons plus impressionner par des lumières basses et des basses lumineuses et des sourires un peu artificiellement supportés de si-reines de la nuit embarquées dans leurs lestes odyssées personnelles au sein de la masse mouvante, ah ça non, rien de ces intenses regards qui traversent la foule ni de ces lèvres qui se trouvent un peu au hasard ne nous impressionne maintenant, nous avons grandi, nous préférons lire des livres, nous préférons discuter esthétique ou politique, W. et JB seraient d'accord, we are reasonable people (justement).
ai enregistré une petite session vocale parlée fortement vinifiée avec une amie actrice, A., session dont nous espérons pouvoir tirer quelque chose de décent une fois mixée, il faut se dépêcher, le temps pourrait bientôt changer et alors nous n'aurons plus une minute à nous, la capitale mondiale des camps de vacances pour adultes ouvrira alors ses portes, et plus rien de productif ne pourra y être achevé, c'est une obligation légale ici, de ne rien achever d'autre que soi-même une fois le thermomètre au-dessus des vingt degrés
ai vu sur le site de cette expo "animisme et modernité" cet hallucinant document (78 megs, plut-ôt à télécharger, et prévoir une bonne demi heure pour le regarder au calme) qui retrace les errements de l'occident dans son rapport au vivant, et d'ailleurs au monde en général. Extrêmement vivement conseillé. J'attends beaucoup de l'expo d'après la petite vidéo de présentation que j'ai pu en voir. L'animisme défini comme la subjectivisation du monde, sa re-subjectivisation après des siècle d'objectivisation. Donner de l'esprit aux choses. L'animisme à travers la technologie notemment. La vision asiatique et la vision européenne de la machine. Et les vieux chamanes vs ce grand dadet de Descartes. Une relation différente au vivant. Ce sont des questions qui justement apparaîssent comme d'elles mêmes dans mes recherches sur la musique. Quand Lee Perry macule ses bandes de boue ou souffle la fumée de son spliff dans la tranche de la console, quand il creuse une marre pour accueillir des canards dans sa cabine de batterie, il vise à ce que Deleuze appelle le point où s'estompe la différence entre la nature et l'artifice... il ne le vise pas d'ailleurs, il est en plein dedans (en plus de dedans la ganja), mais il vise plus, il veut faire entrer mother earth dasn sa musique, et sa musique dans mother earth. Lee Perry a fini par laisser la pluie rentrer dans le studio, la mousse, les plantes vertes, la boue, les animaux, puis il s'est décidé à y foutre le feu. C'est un truc à manier avec précaution l'animisme (et la ganja).

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