25 février 2010

 

à l'ombre du B.

Quelques citations du Illusion, désillusion esthétiques de Jean B, que JB m'a offert suite à un débat (qui a commencé musclé, JB confondant je crois mon ras le bol du kitsch/laid avec une demande de "beauté", de chansonnettes jolies et d'aquarelles marines de Collioure, mais peut-être bien que je ne comprends rien à rien) par email sur le post précédent. JB a en fait été surpris de voir que Jean B. aurait été d'accord avec moi, ou plutôt qu'il était d'accord avec moi bien avant que les années 2000 n'arrivent, le fourbe. Du coup sidéré par cette proximité de vue, il m'a offert le petit opuscule, qui est assez merveilleux.

On ne peut pas réinventer l'eau chaude et Jean B. avait à peu près tout dit dés 1997. En même temps retomber sur des conclusions similaires sans le lire quelque part m'aide à valider ma démarche (labilité tout ça), d'autant que nous ne parlons pas exactement de la même chose ce vieux Jean B. et moi. JB serait d'accord. Evidemment Jean B. va beaucoup beaucoup plus loin, d'une façon systématique assez hallucinante. Et sans fioritures. C'est beau un intellectuel. Il semblerait que les années 2000 aient été prévues dans leur désespoir esthétique à la fin des années 90. Et que le gerbi général du kitsch qui s'ironise sur lui n'ait fait que s'aggraver, sans changer de nature : quelques citations :


"(...) une partie de l'art actuel concourt à un travail de dissuasion, à un travail de deuil de l'image et de l'imaginaire, à un travail de deuil esthétique la plupart du temps raté, ce qui entraîne une mélancolie générale de la sphère artistique, dont il semble qu'elle survive dans le recyclage de son histoire et de ses vestiges"(...)
"l'art actuel en est à se réapproprier de façon plus ou moins ludique, ou plus ou moins kitsch toutes les formes, les oeuvres du passé, proche ou lointain, ou même déjà contemporain". (...) Bien sûr ce remake et ce recyclage se veulent ironiques, mais cette ironie est comme la trame usée d'un tissu, elle ne résulte que de la désillusion des choses; c'est une ironie fossile"
(j'ai envie d'ajouter une ironie fossile facile).
(...)
"C'est l'ironie du repentir et du ressentiment vis-à-vis de sa propre culture (...) c'est une parodie de la culture par elle-même, en forme de vengeance, caractéristique d'une désillusion radicale"

(...)
"la peinture se renie, se parodie, se vomit elle-même. Gestion des déchets, immortalisation des déchets" (...) "ça ne suscite même plus un regard parce que dans tous les sens du terme, ça ne vous regarde plus".


"cette peinture (...) ne croit plus à sa propre illusion et tombe dans la simulation d'elle même et dans sa dérision".

"toutes les formes d'art d'une monde indifférent portent les stigmates de l'indifférence"

"l'iconoclasme moderne ne consiste plus à briser les images mais à fabriquer des images, une profusion d'images où il n'y a rien à voir"


"On peut dire que nous sommes sur la voie d'une disparition totale de l'art en tant qu'activité spécifique. Ceci peut conduire (...) vers un ritualisme primaire où n'importe quoi fera office de gadget esthétique, l'art finissant dans le kitsch universel"

et une ligne plus loin :

"l'ennui c'est que cette crise de l'art risque de devenir interminable"

"deconstruction interminable où la peinture ne cesse de se regarder mourir dans les débris du miroir"
Bon etc. etc. etc.

PS :
Je suis personnellement incapable de séparer les questions esthétiques et politiques. Ce désespoir (désillusion dit plus subtilement Jean B.) esthétique suit/précède/englobe à mon avis absolument la sensation d'impasse politique. "deuil de l'imaginaire"... C'est peut être ça la gauche gestionnaire...

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