20 juillet 2008
Georges Ruggiu - Le voyageur imprudent
Georges Ruggiu est la première personne de l’histoire de la justice internationale condamnée pour sa participation à un génocide sans être ressortissant du pays où il a été commis. Il n’avait aucun intérêt foncier, pécuniaire ou de tout autre ordre à cette « affaire » rwandaise. Et il n’était pas, loin de là, un mercenaire ou un monstre assoiffé de sang.
Georges Ruggiu est une bien bancale incarnation du « mal ». Il a participé au génocide par empathie, par amitié, au nom d’une conception particulière de la justice, ou peut-être, surtout, pour fuir la vacuité de son existence.
Ce récit rend compte de sa transformation en défenseur de la cause hutue, en Hutu blanc. Et de sa chute.
Je m'étais embringué dans cette histoire. Je voulais savoir, je crois, jusqu'où l'on peut aller pour être un autre, quand la vie ne vous satisfait pas. Jusqu'où peut mener le besoin, sain, de changer l'air qu'on respire. Mais plus encore, jusqu'où l'on est prêt à sacrifier tout ce que l'on a eu/fait auparavant, au nom de la découverte de soi-même. L'existence précède l'essence, tout ça. C'est une question assez générique évidemment. Toute personne qui a un jour eu mal d'être soi en a éprouvé quelques limites plus ou moins fluctuantes. Avec G. Ruggiu, la problématique est devenue monstrueuse.
C'était une période ou je n'allais pas très bien. Où je commençais le processus, lent, forcément lent chez moi, qui m'a amené à quitter la ville.
Un été de recherche, et une semaine de rédaction, peut-être bien un peu plus.
J'ai bizarrement, conseillé par Alex d., voulu en faire une pièce radiophonique. Drôle de drôle d'idée. Arte Radio, qui m'aimait bien pourtant, doit encore en rire. Le concours de Bruxelles aussi. J'ai pensé aussi à le fictionnaliser, et je me suis fait mal au coeur.
Je crois de toute façon qu'une fois terminé je ne savais pas quoi faire de ce machin. Aller jusqu'au bout, rencontrer Ruggiu, m'inventer auteur ? C'était un peu trop pour moi. Au moins pour le moi "en difficulté" de cette époque. L'envoyer à quelqu'un ? Je me retrouvais, à mon minuscule niveau, face au phénomène Truman Capote. Au nom de quoi ? Qui suis-je nom de dieu pour oser mentionner la vie des hommes hideux ? Et que faire de cette empathie qui ne manque pas de naître ? Pourtant L'adversaire, de Emmanuel Carrère, me hantait.
Le texte est resté dans un tiroir numérique. Je me suis endormi dessus. Je viens de le retrouver au fond d'un dossier. Le voilà. Pour ceux qui ont du temps à perdre.
Je crois que Ruggiu a été transféré, selon ses souhaits, dans une prison italienne. Je crois aussi qu'il va bientôt sortir. Bien sûr, Google aidant, un machin pareil ne l'aidera peut-être pas pour se réintégrer. Mais tout à été fait avec le net comme seul outil de recherche. Tout est public. Alors.
Pourquoi le donner maintenant ? Je ne suis pas certain... Je crois que le temps est venu. Aucune des questions mentionnées plus haut n'a pourtant trouvé de réponse. Et je trouve toujours honteux de parler d'un homme qui n'a rien demandé. C'est ce que font les journalistes tous les jours, mais les journalistes informent (quand ils font bien leur travail), c'est tout. Là il y a bien sûr cette tentation coupable, même si le texte est sobre, d'auteuriser avec la vie des autres. Et c'est peut-être justement pour ça que je me sens de le mettre en ligne. Parce que la fiction n'a plus aucun effet sur moi, sur un plan littéraire. Enfin bien bien moins qu'avant. C'était là une tentative, un peu sèche et bancale, d'écrire quelque chose qui fasse sens. qui soit nécessaire. C'est probablement aussi pour ça que je n'osais pas le faire lire. je trouvais ça trop ambitieux pour moi. Ou plutôt d'une ambition non assumée. L'histoire d'une vie tiens.
Ah ça n'est pas signé. Je ne l'avais pas signé à l'époque. Mon refus d'assumer la chose ? J'ai hésité à le signer avant de le transformer en PDF. Mais je l'ai finalement laissé tel quel. Je n'ai pas corrigé les typos, pas de raison que je m'occupe de ce genre d'absence. Ca n'est pas glorieux, mais il n'est justement pas question de gloire.
Le voyageur imprudent (PDF)
Georges Ruggiu est une bien bancale incarnation du « mal ». Il a participé au génocide par empathie, par amitié, au nom d’une conception particulière de la justice, ou peut-être, surtout, pour fuir la vacuité de son existence.
Ce récit rend compte de sa transformation en défenseur de la cause hutue, en Hutu blanc. Et de sa chute.
Je m'étais embringué dans cette histoire. Je voulais savoir, je crois, jusqu'où l'on peut aller pour être un autre, quand la vie ne vous satisfait pas. Jusqu'où peut mener le besoin, sain, de changer l'air qu'on respire. Mais plus encore, jusqu'où l'on est prêt à sacrifier tout ce que l'on a eu/fait auparavant, au nom de la découverte de soi-même. L'existence précède l'essence, tout ça. C'est une question assez générique évidemment. Toute personne qui a un jour eu mal d'être soi en a éprouvé quelques limites plus ou moins fluctuantes. Avec G. Ruggiu, la problématique est devenue monstrueuse.
C'était une période ou je n'allais pas très bien. Où je commençais le processus, lent, forcément lent chez moi, qui m'a amené à quitter la ville.
Un été de recherche, et une semaine de rédaction, peut-être bien un peu plus.
J'ai bizarrement, conseillé par Alex d., voulu en faire une pièce radiophonique. Drôle de drôle d'idée. Arte Radio, qui m'aimait bien pourtant, doit encore en rire. Le concours de Bruxelles aussi. J'ai pensé aussi à le fictionnaliser, et je me suis fait mal au coeur.
Je crois de toute façon qu'une fois terminé je ne savais pas quoi faire de ce machin. Aller jusqu'au bout, rencontrer Ruggiu, m'inventer auteur ? C'était un peu trop pour moi. Au moins pour le moi "en difficulté" de cette époque. L'envoyer à quelqu'un ? Je me retrouvais, à mon minuscule niveau, face au phénomène Truman Capote. Au nom de quoi ? Qui suis-je nom de dieu pour oser mentionner la vie des hommes hideux ? Et que faire de cette empathie qui ne manque pas de naître ? Pourtant L'adversaire, de Emmanuel Carrère, me hantait.
Le texte est resté dans un tiroir numérique. Je me suis endormi dessus. Je viens de le retrouver au fond d'un dossier. Le voilà. Pour ceux qui ont du temps à perdre.
Je crois que Ruggiu a été transféré, selon ses souhaits, dans une prison italienne. Je crois aussi qu'il va bientôt sortir. Bien sûr, Google aidant, un machin pareil ne l'aidera peut-être pas pour se réintégrer. Mais tout à été fait avec le net comme seul outil de recherche. Tout est public. Alors.
Pourquoi le donner maintenant ? Je ne suis pas certain... Je crois que le temps est venu. Aucune des questions mentionnées plus haut n'a pourtant trouvé de réponse. Et je trouve toujours honteux de parler d'un homme qui n'a rien demandé. C'est ce que font les journalistes tous les jours, mais les journalistes informent (quand ils font bien leur travail), c'est tout. Là il y a bien sûr cette tentation coupable, même si le texte est sobre, d'auteuriser avec la vie des autres. Et c'est peut-être justement pour ça que je me sens de le mettre en ligne. Parce que la fiction n'a plus aucun effet sur moi, sur un plan littéraire. Enfin bien bien moins qu'avant. C'était là une tentative, un peu sèche et bancale, d'écrire quelque chose qui fasse sens. qui soit nécessaire. C'est probablement aussi pour ça que je n'osais pas le faire lire. je trouvais ça trop ambitieux pour moi. Ou plutôt d'une ambition non assumée. L'histoire d'une vie tiens.
Ah ça n'est pas signé. Je ne l'avais pas signé à l'époque. Mon refus d'assumer la chose ? J'ai hésité à le signer avant de le transformer en PDF. Mais je l'ai finalement laissé tel quel. Je n'ai pas corrigé les typos, pas de raison que je m'occupe de ce genre d'absence. Ca n'est pas glorieux, mais il n'est justement pas question de gloire.
Le voyageur imprudent (PDF)
Comments:
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Difficile de comprendre...
En Belgique, il était un raté, sans emploi parmi les sans emplois...
Quand on s'expatrie pour fuir un problème, on en rencontre de plus grands là où on est déraciné...
Il a profité de l'aura qui entoure les Européens et de son beau parler, seule qualité qu'il avait...
Et une fois un micro en main, il a déversé sa haine de son pays d'origine où il n'avait pas pu percer! Il a suivi le chemin des sbires de Hitler, de Mussolini, de Franco... qui ont engendré des SS, des Chemises Noires, des SA...
Ce type d'individu est dangereux! Il ne faudra jamais le relâcher...
Que l'avenir nous préserve de ces personnes sans scrupules, prêtes à tuer ou à pousser au massacres pour compenser leur nullité.. C'est très grave de les laisser en liberté...
En Belgique, il était un raté, sans emploi parmi les sans emplois...
Quand on s'expatrie pour fuir un problème, on en rencontre de plus grands là où on est déraciné...
Il a profité de l'aura qui entoure les Européens et de son beau parler, seule qualité qu'il avait...
Et une fois un micro en main, il a déversé sa haine de son pays d'origine où il n'avait pas pu percer! Il a suivi le chemin des sbires de Hitler, de Mussolini, de Franco... qui ont engendré des SS, des Chemises Noires, des SA...
Ce type d'individu est dangereux! Il ne faudra jamais le relâcher...
Que l'avenir nous préserve de ces personnes sans scrupules, prêtes à tuer ou à pousser au massacres pour compenser leur nullité.. C'est très grave de les laisser en liberté...
il n'a été condamné qu'à 12 ans de prison, malgré sa participation directe au génocide (il poussait au meurtre tant des locaux que des Belges..).. Il a été libéré par la justice Italienne, avant d'avoir terminé sa peine, et sans en avertir le tribunal international qui l'avait condamné... Si de tels actes sont aussi peu punis, comment encore croire à l'appareil judiciaire? Pour être respecté, il faut être équitable... Nuremberg a été plus expéditif pour des faits bien moins graves...
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