27 mai 2008

 

Tout s'est ré-ouvert (Einstürzende Neubauten 3.0)

Blixa ? Satan-blixa ? Saint-dark-blixa ? L'homme qui s'est fait battre jusqu'à l'évanouissement pour enregistrer une rythmique avec sa cage thoracique ? Blixa ? Le Blixa de Zentral Nervös System (ZNS) qui ne dort pas pendant une semaine pour tout raconter dans une chanson forcément un peu nerveuse ? Blixa le "demi-homme", "plus grand que la chine elle-même" dont le cerveau était un peu dévoré par les quantités astronomiques de poudres de perlinpinpin plus ou moins bien raffinées qu'il s'envoyait tous les jours ? Blixa l'homme-théière au cri le plus aigu du monde ? L'homme de Armenia ? Le Blixa des cocktails molotovs jettés sur le public (et ça court vite un public !)?
Le Blixa de Nick ? Le Blixa devenu star underground qui a fait 123 fois le tour du monde comme guitariste blues rock pour le grand Cave ?
Lui même. Samedi soir 24 mai. Collumbia Halle. 33 euros nom de dieu.
On dit, on murmure, que le succès (et la dope) a fait de lui un connard arrogant. On murmure ça et là des histoires de chambres d'hôtel détruites, de bars vidés au frais de la petite organisation "underground".... oh ! Blixa était en forme samedi soir. Plus oncle péteur que ange de l'enfer arrogant. Blixa est devenu une sorte de superbe comédien. de poète qui assume son rôle. on pourrait déjà l'imaginer finir clown avec du kohl, jouer du drame et de la comédie. En attendant il est devenu taquin. Joue avec son public (à ne jamais lui jouer le moindre vieux titre par exemple.). Ce fut un concert plutôt "atmosphérique/chanson". ou le bordel urbain est intégré sciemment et percussivement à des compositions plutôt douces, parfois tendues, parfois montantes, parfois presque à l'explosion mais globalement très très audibles. Et même, heureuses. Neubauten 3.0 a terminé sa mutation. Le groupe rééxiste de lui même, détaché de son passé. Quand on s'appelle einstürzende neubauten, que l'on prone la destruction permanente au nom du nouveau qui jamais ne doit se figer, on a pas le droit à la nostalgie. Pas le droit à la ringardisation. neubauten a eu un passage très très difficile après la chute du mur. Le placard leur tendait grand les bras. Deux disques, tabula rasa et ende neue. Rien que leur titre montre que le groupe se cherchait une sortie. Voulait affirmer que ça allait chier ! Qu'ils allaient changer ! Mais il ne suffit pas de le clamer haut et fort... Puis bang "silence is sexy". Pour un groupe comme neubauten, c'était un sacré statement. Une totale réorganisation. La vraie table rase... Quelques années plus tard les choses ronronnent. Un concert de neubauten ne sera plus jamais une expérience bruitiste, un massacre urbain dans ta gueule. C'est une expérience de chanson allemande sur un fond de musique en kit, où la structure est mise à poil, les poutres sont apparentes : le klang reste toujours là, l'expérience du son pour le son reste pregnante. Mais sans négativité ou brutalité particulière. Ce qu'il faut quand il faut. De la tendresse et du polystyrène. De la mélancolie lamée. de l'ironie en turbine de métal. Seul lien avec le lointain et brumeux passé extrême, avec l'humeur-apocalypse, ce que Blixa appelle "l'ancien Blixa", le cri-théière. Blixa l'a en quelque sorte apprivoisé. Il en joue comme d'un violon, au grand bonheur du public. Neubauten fabrique un mobile urbain, un Kreuzberg dans les nuages si tu veux, un objet sonore fragile fait du guinguois de la récup, de mélodies, de diction sublime et de jeu sur la langue. Comprendre l'Allemand est forcément devenu un sacré plus. Le groupe ne fait plus vraiment de politique non plus. Il tisse sa poésie et emmerde le reste.
C'était très plaisant ce concert. Il est encore possible de bien vieillir. De tirer, et c'est très berlinois après-tout, avantages des pires contraintes (Blixa il faudra quand même surveiller ce ventre).


PS : je joins la vidéo d'Halber Mensch. Le bon temps du Butto, de la viande et du métal (et de la mad-maxite aigüe qu'on appelle aussi "années 80").


Comments:
Mazette, quel talent !

Pas de l'article de PD, ça.
 
cimer !
 
Enregistrer un commentaire



<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?

Older Posts newer Posts