29 novembre 2007
Burial - Untrue
C'est le disque de l'année à n'en point douter. Reste à déterminer de quelle année... Celle des raves évidemment. Celle des raves héroiques du temps des entrepots et des presets techno monstrueux, des basses vrombissantes, de la réverb naturelle des architectures industrielles ou logistiques... mais quelle est cette année 1993 où le tempo aurait été aussi lent ? Est-ce une réminiscence d'une image au stromboscope, un dance floor à mi-tempo ? Et quelle est cette année 1993 où Basic Channel avait déjà inventé la techno-fantome ? C'est une année 1993 glacée et zombifiée, une parodie ralentie, gelée d'un souvenir brûlant. Une rave comme vous n'en avez jamais vu pour peu que vous n'ayez jamais parcouru d'autres dimensions, que vous soyez resté de ce côté ci de la barrière. C'est ça le charme, le pouvoir, la claque Burial : le sentiment de presque-déjà vu (et donc la conclusion qui s'impose : de jamais entendu).
Et viennent ces voix. Ces voix RNB mielleuses dévorées par le soft auto-tune, dépitchées jusqu'à l'inexistence, ces voix indubitablement absentes... Quelle est cette année 1993 ou des raves mélancoliques à mi-tempo étaient envahies par des chanteurs de RNB morts, décomposés en directs (l'improbable "Ghost Harware")?
The Wire fait appel à Derrida et à son "hantologie", sa mystique de l'absence, notre amour pour le spectral, pour parler de Untrue (le titre nous en dit déjà pas mal)... Nous pourrions en appeler à K Dick. C'est peut-être un peu facile, mais je vais me géner tiens. Ubik bien sûr. Le retour dans le temps dirigé par un adolescent-démiurge qui ne connait pas vraiment son sujet, dont le monde mal contrôlé s'embourbe dans les erreurs et les incongruités physiques, pour finir par se dessecher, se désagréger tout simplement. Tout en viscosité et en ralenti, Untrue dégouline comme une utopie en pleine déliquescence.
Une joie de vivre congelée, la sensualité d'une danse filmée à un format incompatible et exotique, les voix les plus fausses, les plus artificielles, les plus improbables qu'il nous ait été donné d'entendre depuis longtemps. Untrue s'adrese à tous ceux qui peuvent s'emballer pour un possible non constitué. Pour un invisible, un non-donné, un souvenir qu'on n'a pas eu. Untrue est un enfant non conçu, une vie autre.
PS cette chronique fut rédigée dans l'aéroport, à la lumière électrique de l'affreux CDG en ses sous-sols. Rédigée au souvenir, sans réécouter le disque. J'ai voulu le réentendre aujourd'hui pour être sûr de mon coup. Je l'ai trouvé affreux. ignoble même. la magie retombée, les lumières n'opérant plus à magnifier les choses, ne restait que l'affreux spectre grimaçant d'un chanteur RNB... Avec ces musiques exotiques il est de notre devoir de savoir quels sont les mauvais moments. De jouer à cache cache. Et alors, peut-être, en attendant que cela revienne, de savoir s'en tenir à notre souvenir. C'est après tout tout le sel de Untrue, la mémoire et l'absence.
Et viennent ces voix. Ces voix RNB mielleuses dévorées par le soft auto-tune, dépitchées jusqu'à l'inexistence, ces voix indubitablement absentes... Quelle est cette année 1993 ou des raves mélancoliques à mi-tempo étaient envahies par des chanteurs de RNB morts, décomposés en directs (l'improbable "Ghost Harware")?
The Wire fait appel à Derrida et à son "hantologie", sa mystique de l'absence, notre amour pour le spectral, pour parler de Untrue (le titre nous en dit déjà pas mal)... Nous pourrions en appeler à K Dick. C'est peut-être un peu facile, mais je vais me géner tiens. Ubik bien sûr. Le retour dans le temps dirigé par un adolescent-démiurge qui ne connait pas vraiment son sujet, dont le monde mal contrôlé s'embourbe dans les erreurs et les incongruités physiques, pour finir par se dessecher, se désagréger tout simplement. Tout en viscosité et en ralenti, Untrue dégouline comme une utopie en pleine déliquescence.
Une joie de vivre congelée, la sensualité d'une danse filmée à un format incompatible et exotique, les voix les plus fausses, les plus artificielles, les plus improbables qu'il nous ait été donné d'entendre depuis longtemps. Untrue s'adrese à tous ceux qui peuvent s'emballer pour un possible non constitué. Pour un invisible, un non-donné, un souvenir qu'on n'a pas eu. Untrue est un enfant non conçu, une vie autre.
PS cette chronique fut rédigée dans l'aéroport, à la lumière électrique de l'affreux CDG en ses sous-sols. Rédigée au souvenir, sans réécouter le disque. J'ai voulu le réentendre aujourd'hui pour être sûr de mon coup. Je l'ai trouvé affreux. ignoble même. la magie retombée, les lumières n'opérant plus à magnifier les choses, ne restait que l'affreux spectre grimaçant d'un chanteur RNB... Avec ces musiques exotiques il est de notre devoir de savoir quels sont les mauvais moments. De jouer à cache cache. Et alors, peut-être, en attendant que cela revienne, de savoir s'en tenir à notre souvenir. C'est après tout tout le sel de Untrue, la mémoire et l'absence.