25 septembre 2007

 

Berlin : Sinfonie einer gross Stadt

Suis tombé sur ce film de 1927 lors de mes recherches pour mon "berliner Projekt". C'est ici une oeuvre de base, très connnue, une tarte à la crème, un indispensable, toujours joué dans les salles et projeté aux étudiants. La jeunesse berlinoise baille d'ennui à sa simple évocation. C'est un peu comme de dire "Einstürzende Neubauten", au mieux vous récupérez des sourires moqueurs et sceptiques, au pire une volée de décrochages machoriaux ostensibles.

Mais c'est un film tout à fait fascinant. 1h30 environ. pas un mot, pas un acteur. Ni un docu, ni une fiction. Une symphonie et rien d'autre. La petite musique du monde berlinois en image... Un simple enchaînement de scènes de ville et de process industriels divers, entrecoupés de plans géométriques et architecturaux avec un regard froid et formel qui cherche toujours le cadre parfait, la ligne harmonieuse et brutale à la fois, la forme épurée et bauhaussienne à même le monde. "Sinfonie..." a été critiqué pour sa vision "d'entomologiste en visite au Kombinat" de la chose berlinoise : il n'accorde pas plus de valeur à la distribution du lait qu'au mannequin en vitrine, qu'au SDF à moitié mort ou aux rues décaties, ou aux jolies filles en terrasse des cafés. Pas la moindre critique sociale. Tout y est process et mouvement. L'argument est recevable. Le film est un peu long, faute de se trouver un autre rythme que celui de cette passion formelle, de cette ivresse du cadre et du montage.
Ca n'en est pas moins une perle. La scène introductive avec son train qui traverse la campagne puis la banlieue puis la ville, sa musique angoissante et théâtrale, pleine d'une sorte de foi en sa propre puissance, dépourvue de tout cynisme, m'a fait beaucoup d'effet. Edmund Meisel le compositeur fût parait-il conspué pour son "score" par les critiques de l'époque.
Accrochée au montage comme une sangsue, pistonant le réel avec ses percussions lourdes, ses pianos graves et vrillants, ses effets de frappes (c'est une Klang Sinfonie), elle particpe à cette sublimation du réel, à cette fascination pour l'immense, le nouveau;, le moderne, le technologique, les superstructures des affaires humaines (un discours que je vois à l'inverse exact du Metropolis de Lang), qui est une des marques de fabrique du jeune 20e siècle. Dans le droit fil futuriste, constructiviste, tous ces trucs en iste.

Notre mission : essayer de retrouver quelques-unes de ces critiques rageuses publiées à l'époque (via la cinémathek) pour prendre le poul de Weimar face à son avant-garde.


PS : le film peut se visionner ici :


http://video.google.com/videoplay?docid=-4999307054874717032

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